Les prébiotiques sont définis comme des ingrédients sélectivement fermentés qui entraînent des changements spécifiques dans la composition et/ou l’activité de la microflore gastro-intestinale et exercent des bienfaits sur la santé de l’hôte. De nombreuses études ont été menées sur ces composés et leur intérêt chez le nourrisson est maintenant bien documenté.
Modulation de la flore intestinale
Un premier effet positif qu’exercent les prébiotiques est leur faculté de moduler la flore intestinale du nourrisson. En effet, il ressort de plusieurs études récentes que la consommation de ces composés par l’enfant permettrait d’augmenter chez ce dernier le nombre total de bifidobactéries dans ses selles, de façon dose-dépendante.
Les prébiotiques jouent également un rôle important dans la modulation du pH des selles du nouveau-né. En effet, la dégradation des prébiotiques par la flore colique engendre la formation d’acides gras à chaîne courte, qui acidifient le milieu intestinal.
Bienfaits intestinaux et respiratoires
Lors d’une étude contrôlée contre placebo menée par Bruzzese et al., l’effet d’une préparation pour nourrissons contenant un mélange de prébiotiques (GOS/FOS) a été mesuré par rapport à celui d’une formule standard dans un environnement ouvert. L’étude a porté sur près de 342 nourrissons en bonne santé et les enfants ont été suivis 12 mois après l’intervention. Par rapport aux témoins, l’utilisation de la formule enrichie en prébiotiques a été associée à une réduction significative de l’incidence de gastro-entérites, de même que la proportion d’enfants présentant un nombre d’épisodes de diarrhée aiguë ≥1.
L’utilisation d’antibiotiques entraîne inévitablement une dysbiose intestinale pouvant être considérée comme un facteur-clef dans la pathogénie de diarrhées associées aux antibiotiques. Là encore, l’utilisation de prébiotiques peut s’avérer efficace. En effet, des études montrent que l’utilisation de prébiotiques chez des enfants ayant reçu un traitement antibiotique permet d’accroître rapidement le nombre de bifidobactéries dans les selles de ces derniers, participant de cette façon à la prévention de la survenue d’épisodes diarrhéiques associés à l’utilisation d’un tel traitement.
Les prébiotiques possèderaient également des avantages en ce qui concerne la prévention des infections du tractus respiratoire. Un essai contrôlé et randomisé a en effet démontré que les enfants nourris avec une formule infantile supplémentée avec un mélange GOS/FOS présentaient moins d’épisodes infectieux du tractus respiratoire, que ce soit au niveau global ou au niveau du tractus supérieur.
Prévention des allergies
L’eczéma atopique est une affection cutanée prurigineuse inflammatoire avec dysfonction de la barrière épidermique associée. Les options thérapeutiques (émollients et dermocorticoïdes pour l’eczéma léger à modéré; inhibiteurs de la calcineurine topiques ou systémiques, photothérapie UV, ou azathioprine systémique pour l’eczéma modéré à sévère) sont relativement limitées et souvent peu satisfaisantes, ce qui incite un intérêt pour des traitement alternatifs.
La justification de l’utilisation des prébiotiques dans la prévention des maladies atopiques est basée sur le fait que ces composés ont la capacité de modifier la flore intestinale des nourrissons nourris avec des formules infantiles. Il a été démontré que la flore intestinale d’enfants atopiques était plus riche en espèces clostridium et présentait moins de bifidobactéries en comparaison avec des groupes contrôle. Il existe donc des preuves indirectes montrant que des différences de flore intestinale néonatale peuvent précéder ou coïncider avec le début du développement d’une maladie atopique. La microflore intestinale joue donc un rôle crucial chez le nouveau-né en ce qui concerne la maturation de son système immunitaire. Ici aussi, les prébiotiques ont leur intérêt. Un essai contrôlé randomisé a été mené auprès de 259 enfants pendant leurs six premiers mois de vie afin d’étudier l’influence de la supplémentation de leur alimentation en prébiotiques sur l’apparition de maladies allergiques. Chaque enfant présentait au moins un parent avec une allergie confirmée de façon médicale. Les résultats de cette étude ont montré une fréquence d’eczéma atopique significativement réduite dans le groupe expérimental par rapport au groupe placebo (9,8% contre 23,1%). En outre, les résultats de cette étude ont montré qu’après deux mois suivant l’intervention, l’incidence cumulée de dermatite atopique, de respiration sifflante et d’urticaire allergique était plus élevée dans le groupe placebo (respectivement 27,9%, 20 ,6% et 10,3%) que dans le groupe expérimental (13,6%, 7,6% et 1,5%). Il s’agit de la première étude du genre montrant que la réduction de l’incidence des maladies atopiques induite par la consommation de prébiotiques se poursuit même une fois la période d’intervention terminée.
Roberfroid M, Gibson GR, Hoyles L, et al. Prebiotic effects: metabolic and health benefits. Br J Nutr. 2010 Aug;104 Suppl 2 S1.63.
Consulter l'article
Article en anglais consulté en mars 2011.
Thomas D, Greer F, et al. Probiotics and Prebiotics in Pediatrics. Pediatrics 2010:126 (6); 1216-32.
Consulter l'article
Article en anglais consulté en mars 2011.