De nombreuses directives existent concernant l’utilisation de produits alimentaires pour la prévention et le traitement de l’APLV, mais il existait actuellement peu de données visant à aider les praticiens dans le diagnostic précis et la gestion de cette pathologie.
De nouvelles recommandations
Le professeur Yvan Vandenplas, soutenu par plusieurs experts, a tenté de remédier au manque d’informations en matière de diagnostic de l’APLV en réalisant un document pratique à destination des pédiatres généralistes et médecins en soins primaires. Les recommandations ainsi formulées sont basées sur des guidelines déjà présentes en Allemagne, aux Pays-Bas et en Finlande ainsi que sur l’expérience des auteurs.
Bien que ces recommandations doivent encore être adaptées pour tenir compte de situations locales et qu’elles nécessitent d’être validées de façon prospective, elles devraient permettre d’améliorer les compétences diagnostiques et thérapeutiques des médecins en soins primaires.
Si l’enfant est allaité
En cas de suspicion d’allergie aux protéines de lait de vache chez l’enfant allaité au sein, la première étape est de retracer l’histoire familiale d’atopie et de pratiquer un examen clinique sur l’enfant. Il n’existe malheureusement pas de symptômes typiques de l’allergie aux protéines de lait de vache mais certains symptômes surviennent de façon récurrente:
Une fois cette première étape passée, il convient de différencier allergie légère à modérée et allergie sévère:
Lorsqu’une allergie sévère est détectée, il convient de se référer immédiatement à un spécialiste pour confirmer le diagnostic et entamer le traitement. En attendant, il est utile de prescrire à la mère une diète d’éviction et de lui donner des suppléments calciques.
Si au contraire il s’agit d’une allergie aux protéines de lait de vache légère ou modérée, il faut alors maintenir l’allaitement maternel et prescrire un régime d’éviction des protéines de lait de vache à la mère pendant deux semaines (ou quatre en cas d’eczéma atopique ou de colite allergique), lui déconseiller la consommation d’œufs et lui donner des suppléments calciques. Après ce laps de temps, si aucune amélioration n’est constatée, il convient de supprimer le régime d’éviction chez la mère et de rechercher la présence d’un(e) autre problème/allergie. En revanche, si l’état de l’enfant s’améliore, la réintroduction des protéines de lait de vache permettra de confirmer le diagnostic d’allergie.
Si aucun symptôme n’apparaît lors de la réintroduction, les œufs peuvent être réintroduits dans l’alimentation de la mère et il convient de monitorer l’enfant. Si au contraire, des symptômes se manifestent, il faut alors maintenir le régime d’éviction chez la mère ainsi que les suppléments de calcium et une fois sevré, l’enfant recevra une formule à base d’hydrolysats poussés et des aliments solides exempts de protéines de lait de vache jusqu’à l’âge de 9-12 mois et pendant minimum 6 mois.
Et s’il n’est pas allaité?
Chez l’enfant non-allaité, tout comme pour le diagnostic de l’APLV chez l’enfant allaité, l’examen clinique et l’histoire atopique de la famille sont bien sûr la première étape à franchir.
Par la suite, il convient également de différencier allergie légère à modérée et allergie sévère. Les symptômes à prendre en compte sont alors quelques peu différents:
Conjointement à la catégorisation de l’allergie, il est toujours important de réaliser un prick-test ou un patch-test ainsi qu’un dosage des IgE totales et des IgE spécifiques pour les protéines de lait de vache afin d’avoir un filet de sécurité.
Si l’enfant souffre d’une allergie sévère aux protéines de lait de vache, il faut lui prescrire un régime d’éviction et lui donner une formule à base d’hydrolysats poussés ou une diète élémentaire (ne contenant plus que des acides aminés) s’il refuse la première formule ou que le ratio coût/bénéfice en vaut la peine et ce pendant deux à quatre semaines. Il convient également de se référer à un pédiatre spécialisé.
Si bébé va mieux, le pédiatre spécialisé doit alors passer à des tests de provocation. S’il n’y a pas d’amélioration, il faut alors passer à une autre démarche diagnostique.
En cas d’allergie légère à modérée, un régime d’éviction doit être prescrit. Si les symptômes persistent, il faut alors passer à un hydrolysat poussé ou une diète élémentaire. Si au contraire une amélioration est constatée chez l’enfant, il faut procéder à un test de provocation avec une formule à base de lait de vache sous surveillance clinique. Si aucun symptôme n’apparaît, les protéines de lait de vache peuvent être réintroduites dans l’alimentation du nourrisson et dans le cas contraire, il faut alors maintenir le régime d’éviction jusqu’à l’âge de 9-12 mois et pendant une durée d’au moins 6 mois. Par la suite, il faudra répéter les tests de provocation.
Vandenplas Y, Brueton M, Dupont D et al. Guidelines for the diagnosis and management of cow’s milk protein allergy in infants. Arch Dis Child 2007 92: 902-08. doi: 10.1136/adc.2006.110999
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Article en anglais consulté en août 2010.