L'hydrolyse intestinale du lactose est assurée par la lactase. Les bébés et les jeunes enfants synthétisent en principe d'importantes quantités de cette enzyme. Cependant, au cours de la croissance, on observe une diminution progressive de sa synthèse, si bien que les adultes ne produisent presque plus voire plus du tout de lactase. En plus de cela, il existe des enfants qui ne la possèdent pas. Mais cette déficience congénitale en lactase est nettement plus rare. L'absence de dégradation du lactose est notamment responsable de diarrhées signant ce qu'on appelle l'intolérance au lactose. L'allergie au lait de vache a une étiologie et une physiopathologie différentes: il s'agit d'une réaction du système immunitaire face à des protéines contenues dans le lait. Elle est classiquement responsable de vomissements. Ces deux troubles doivent donc être pris en charge de façon radicalement différente.
Laquelle des deux?
Le lactose est constitué d'une molécule de glucose et d'une molécule de galactose unies par une liaison osidique. Son hydrolyse intestinale est sous le contrôle de la lactase. Il est aussi fermentescible par de nombreux micro-organismes. Au cours de la petite enfance, l'enfant ingère des quantités massives de lait, qu'il soit d'origine maternelle, bovine ou caprine. Ce lait contient de grandes quantités de lactose. Progressivement, l'enfant consomme de moins en moins de produits laitiers et diversifie son alimentation. En réponse, l'organisme synthétise moins de lactase. Ce phénomène s'accentue au cours du temps, de sorte qu'une fois atteint l'âge adulte, la production de lactase par l'organisme est extrêmement réduite, voire complètement abolie.
Le lactose est alors fermenté par les bactéries de la flore intestinale. Il en résulte une production de gaz, d'acides et d'eau, responsable des symptômes classiques de l'intolérance au lactose: ballonnements, crampes intestinales et diarrhées. Cette forme de l'intolérance au lactose touche 20 % de la population belge. Le lactose non scindé entraîne également des diarrhées hydriques par effet osmotique: il attire l'eau du milieu intérieur vers la lumière intestinale.
L'allergie aux protéines de lait de vache touche 4 % des enfants âgés de 0 à 3 ans et 1,5 % des adultes. Cette allergie disparaît souvent entre 2 et 3 ans. Les symptômes peuvent se manifester dès le premier biberon, parfois quelques semaines ou quelques mois plus tard. L'allergie est provoquée par une réaction du système immunitaire face à des protéines présentes dans le lait de vache. Elle se traduit par manifestations gastro-intestinales (vomissements, 50 à 80 % des cas), dermatologiques (eczéma, 10 à 39 % des cas) et respiratoires (19 % des cas). Cette allergie peut provoquer un choc anaphylactique dans les cas les plus graves.
La biologie en seconde ligne
Des tests cliniques sont proposés afin d'identifier les patients intolérants au lactose et ceux qui sont allergiques aux protéines de lait et de les différencier. Cependant, ils ne viennent qu'en deuxième ligne dans le diagnostic différentiel. La clinique est suffisamment parlante dans la plupart des cas. Il existe un test de détection de l'hydrogène présent dans l'haleine. On fait alors ingérer du lactose au patient. S'il se dégage une quantité importante d'hydrogène, cela signifie que le lactose a été fermenté par les bactéries de la flore intestinale et donc que le patient est intolérant.
Un autre test consiste à déterminer la glycémie après absorption de lactose. Si celui-ci est hydrolysé par la lactase intestinale, il y a libération puis absorption de glucose au niveau de l'intestin. Il s'en suit une augmentation du glucose plasmatique. Si la prise de sang ne montre pas d'augmentation du taux de glucose, c'est que le lactose n'a pas été assimilé correctement et donc que le sujet est intolérant.
L'allergie aux protéines de lait de vache est mise en évidence, quant à elle, grâce à des tests cutanés. Ce lait contient plus de trente protéines, toutes potentiellement allergisantes. Les tests cutanés sont positifs dans l'immense majorité des cas d'allergie médiée par les IgE. Le dosage des IgE sériques spécifiques permet de définir les protéines en cause. Le test de provocation ou l'épreuve d'éviction-réintroduction confirment le diagnostic d'allergie aux protéines de lait de vache. Néanmoins, selon les études, seulement 8 à 30 % des cas d'allergie aux protéines du lait de vache soupçonnés par la clinique et/ou la biologie sont confirmés. Le test de provocation est potentiellement dangereux et fait courir un risque de choc anaphylactique. Il doit être réalisé en milieu hospitalier.
Comment s'en prévenir?
Il n'existe pas de traitement étiologique de l'intolérance au lactose puisqu'elle résulte de l'absence « physiologique » de synthèse d'une enzyme et non d'une pathologie. Il existe des comprimés de lactase disponibles en pharmacie. Cependant, leur efficacité est variable d'un patient à l'autre. La mesure prophylactique la plus simple consiste tout naturellement à éviter la consommation de lactose. Il existe également sur le marché de nombreux aliments garantis sans lactose.
Le traitement de l'allergie aux protéines de lait de vache est basé sur l'éviction des protéines lactées d'origine bovine. Le régime repose sur l'utilisation de substituts du lait ayant subi une hydrolyse extensive des protéines. Cependant, une allergie à ces hydrolysats de protéines ne peut être exclue. Dans 1 à 2% des cas, on observe une réaction de type allergique, probablement suite à la présence de peptides de poids moléculaire supérieur à 5000 daltons dans certains hydrolysats de caséine et de protéines du lactosérum. Cette éviction complète est parfois difficile et il semble que le lait de vache soit impliqué dans deux cas sur sept de choc anaphylactique chez l'adolescent. En effet, la présence de protéines bovines peut être masquée au sein de nombreuses préparations culinaires, de crèmes à usage topique et de médicaments.
La Rédaction
Références
http://www.jeveuxdulait.be
http://www.allergienet.com