La microflore intestinale, composée d’une large diversité bactérienne, peut jouer différents rôles chez l’hôte. Elle est hautement exposée aux influences de l’environnement et peut être modulée dans sa composition et dans ses fonctions par divers facteurs externes tels que la nutrition. Des composants spécifiques de la flore digestive, incluant les Lactobacilli et les Bifidobacteria, ont été associés à des effets bénéfiques chez l’hôte : promotion de la maturation et de l’intégrité intestinale, antagonisme contre les germes pathogènes et modulation du système immunitaire.
Agir sur tous les fronts
Les mécanismes par lesquels les bactéries probiotiques peuvent interférer avec la physiopathologie des affections intestinales sont multiples. Dans l’intolérance au lactose, une scission insuffisante du lactose, consécutive à une diminution de l’activité de la lactase au niveau de la muqueuse, est à l’origine des épisodes de gastro-entérite aiguë et/ou de douleurs abdominales récurrentes. L’activité de la disaccharidase au niveau de l’intestin grêle conditionne le transport des monosaccharides liés l’un à l’autre dans la molécule de lactose. Non absorbé et non scindé, le lactose provoque une diarrhée osmotique. Les lactobacilli possèdent des ?-galactosidases actives capables de scinder le lactose contenu dans l’alimentation et d’affecter ainsi la sévérité de la diarrhée osmotique. Des expériences réalisées in vitro ont par ailleurs montré que les bactéries lactiques produisent des substances à activité antimicrobienne comme des acides organiques, des acides gras libres, de l’ammoniaque et du peroxyde d’hydrogène. Le probiotique Lactobacillus GG (LGG) a montré son efficacité dans la production d’une molécule de faible poids moléculaire capable d’agir comme agent antimicrobien et d’inhiber la croissance de bactéries entériques Gram (+) et Gram (-) au niveau de la flore intestinale de la souris. Cette substance est distincte des acides lactique et acétique et est soluble dans l’acétone. Les probiotiques préviennent également la colonisation intestinale par des microorganismes pathogènes via un mécanisme d’inhibition compétitive au niveau des sites d’adhésion des microbes. Ainsi, une étude a montré que la souche LGG figure parmi celles qui sont capables d’empêcher l’attachement de la bactérie entéropathogène E. coli 0157H7 aux cellules épithéliales de la muqueuse intestinale.
L’innée comme l’acquise
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Les probiotiques peuvent aussi exercer des effets adjuvants au niveau de l’immunité intestinale et systémique. Chez des enfants finlandais souffrant de diarrhée aiguë et ayant reçu la souche LGG, s’est produite une activation de la réponse sérologique spécifique de production d’anticorps IgM et IgA dirigés contre les Rotavirus. Deux autres études ont aussi montré que chez la plupart des patients souffrant de diarrhées causées par les Rotavirus, l’administration de la souche viable LGG augmente le nombre des cellules sécrétrices d’anticorps spécifiques IgA au cours de l’état de convalescence. Les probiotiques peuvent aussi affecter positivement l’immunité cellulaire. Il a été montré que l’administration orale ou pariétale de lactobacilles à des souris augmentait l’activité phagocytaire des macrophages contre plusieurs bactéries intracellulaires. On également montré que différentes souches lactiques ont pu stimuler in vitro la production de cytokines ?-IFN, IL-12 et IL-18 par les lymphocytes sanguines humaines et activer la capacité du corps à produire ?-IFN. Une autre étude a suggéré que les Lactobacilli associés à la muqueuse intestinale pourraient représenter des stimulateurs potentiels de la production d’IL-12. L’IL-12 peut être à l’origine d’une inhibition de la réponse des lymphocytes Th-2 et d’une diminution de la production de l’IL-4 et des IgE. Cette réponse complexe pourrait expliquer le rôle potentiel des probiotiques dans la prévention de l’allergie.
Abréger le mal
Tout cela se traduit concrètement en clinique quotidienne. Ainsi, en comparant la durée moyenne de la diarrhée aiguë de l’enfant sous ORS seule et sous ORS avec LGG, ont trouvé que le traitement combiné raccourcissait de 37h la durée de l’affection. Quant au nombre de selles, il était déjà diminué d’un tiers au deuxième jour de raitement et de moitié au quatrième jour. On voit donc bien que les mécanismes par lesquels les probiotiques exercent leurs effets bénéfiques sont nombreux. Et on n’en est encore qu’au début de leur exploration.
La Rédaction
Références
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