Déjà au stade fœtal les sensations olfactives et gustatives du bébé sont influencées par le comportement alimentaire maternel. En effet, en fonction de la composition du liquide amniotique, l’enfant développe une affinité envers les substances auxquelles il est exposé. Par sa capacité acquise à détecter et mémoriser certains arômes, il montre une nette préférence pour ceux-ci au cours des premiers mois suivants sa naissance. C’est entre deux et sept ans que les parents rencontrent le plus de difficultés à assurer la diversité de l’alimentation car l’enfant se focalise essentiellement sur sa satisfaction personnelle. Le défi consiste donc à faire comprendre aux parents qu’une alimentation variée est capitale pour le bien-être de leur enfant. En effet, l’adolescent mal alimenté, privilégiant les graisses, risque de développer une obésité préjudiciable une fois atteint l’âge adulte.
L’olfaction fœtale dicte déjà les choix
Il semble surprenant que les capacités d’olfaction soient déjà développées au stade fœtal puisque l’enfant baigne dans le liquide amniotique. Deux paramètres importants permettent d’expliquer ce phénomène. Premièrement, les structures nerveuses impliquées dans la réception olfactive sont en place dès la fin du premier trimestre de la grossesse et les molécules qui l’entourent peuvent déjà les atteindre au cours de l’inhalation ou de la déglutition. Deuxièmement, le cerveau, malgré son immaturité, fait preuve d’aptitudes de mémorisation. Il a été démontré que des enfants nés de femmes ayant consommé des produits empreints d’un arôme donné en fin gestation sont fortement attirés par cet arôme après la naissance. Ceci a été confirmé par des études menées sur des enfants exposés à diverses odeurs, soit agréables, soit désagréables. L’application d’une pommade à la camomille sur le sein, par exemple, provoque une préférence envers la tétée d’un anneau aromatisé avec la même substance.
cela se complique a l’adolescence...
Nul n’ignore les difficultés rencontrées par les parents avec les enfants de 7-8 ans, et encore moins avec les adolescents. Si à la naissance, le bébé apprécie les substances nourrissantes telles que le sucré et le gras, il est également capable d’autoréguler la quantité d’aliments qu’il ingère. Une fois la satiété atteinte, il arrête de manger et les parents s’en félicitent. Cependant, au cours du temps, cette capacité d’autorégulation s’amenuise et l’enfant a tendance à manger plus que ses dépenses énergétiques ne l’exigent. Les fruits et légumes sont rejetés car peu rassasiants et une néophobie s’installe (l’enfant refuse de consommer les aliments qu’il ne connaît pas). La meilleure façon de familiariser les enfants aux fruits et légumes consiste à les impliquer activement lors de l’achat: leur demander de choisir les produits suscite une forme de connaissance. Et un produit connu est mieux accepté car il est, en quelque sorte, caractérisé.
L’obésité gagne du terrain
La prévalence de la surcharge pondérale est en augmentation. Aux Pays-Bas, la moitié des hommes présente une surcharge pondérale. Le nombre d’enfants en surpoids, voire obèses, augmente également malgré les campagnes de prévention. La prévalence élevée de la surcharge pondérale est liée à la large gamme de produits extrêmement énergétiques et à un environnement qui n’encourage pas l’exercice physique. Les différences entre les personnes de poids normal et celles qui sont en surpoids apparaissent à un très jeune âge. Il semble évident que les sujets obèses ont une nette préférence pour les graisses par rapport aux sujets sains. De plus, les personnes de poids anormalement élevé négligent les aliments à faible densité énergétique (légumes, fruits). Les préférences alimentaires sont acquises dès le plus jeune âge et sont très stables. L’exposition explique les préférences liées à la culture: la consommation de frites en Belgique en est un exemple flagrant.
Le rôle psychologique des parents
Le diététicien doit insister sur certains points clés lorsqu’il informe les parents sur le traitement de la surcharge pondérale et de l’obésité chez l’enfant. Privilégier une alimentation saine, pratiquer des exercices physiques, promouvoir le sommeil et insister sur l’importance de l’éducation de l’enfant sont des priorités absolues. Les campagnes de prévention se révélant fort peu efficaces, il est important de conscientiser l’enfant sur les bénéfices d’une alimentation équilibrée. Il faut également poser des limites au niveau de l’autorégulation, de sorte que la satiété contrôle la quantité mais aussi la fréquence à laquelle les aliments sont ingérés. Manger à heures fixes constitue un comportement important. L’accent ne doit pas être mis sur les récompenses et les punitions: cette méthode éducative est défavorable. Il est néanmoins important que l’enfant ne soit pas le reflet d’une forme de frustration parentale : parfois, la mère, elle-même en surcharge pondérale, restreint à tort l’alimentation de sa fille car elle craint une prise de poids exagérée. En réaction, la fille, mise sous pression, trouve des alternatives afin de se sustenter.
Un équilibre biologique modulable
Alors qu’il baigne dans son liquide amniotique, le fœtus est déjà capable de percevoir des sensations gustatives et olfactives. Elles sont conditionnées par la constitution de ce liquide puis mémorisées. Cette capacité persiste plusieurs années tandis que s’estompe la faculté d’autorégulation, souvent initiatrice d’un déséquilibre alimentaire favorisant le développement d’une surcharge pondérale. A cet instant, le rôle psychologique et éducatif des parents prend tout son sens car il convient de conscientiser l’enfant sur l’importance de la relation entre alimentation et santé. Ceci doit s’inscrire dans un cadre global où l’approche parentale ne doit être axée ni sur la punition ni sur la récompense.
La Rédaction
Références
D’après un symposium organisé par l’Institut Danone
Belgique, Bruxelles, le 18 octobre 2008.