Les repas en famille protègent

20/01/2008
Article

Les troubles du comportement alimentaires tels que les pratiques malsaines de contrôle du poids (vomissements volontaires, recours aux laxatifs, prises de pilules amincissantes ou de diurétiques) ou la boulimie sont un problème grandissant chez les adolescents, en particulier chez les jeunes filles. Ils augmentent surtout lors du passage de l'adolescence à l'âge adulte. Ainsi, l'étude EAT (Eating Among Adolescent) a montré que la prévalence de ces troubles chez les jeunes adolescentes passe de 14,5 % à 23,9 % en l'espace de 5 ans (1). Les conséquences néfastes de ces désordres sont physiques et psychologiques, et comprennent notamment une alimentation de mauvaise qualité nutritionnelle, une prise de poids avec un risque accru d'obésité et des symptômes dépressifs. Plusieurs travaux ont suggéré que le fait de prendre les repas en familles pouvait avoir une influence sur le décours des choses. C'est cette hypothèse qui vient d'être vérifiée dans une grande étude longitudinale du projet EAT.

Près de 30 % en moins
Dianne Neumark-Sztainer et ses collègues de l'Université de Minnesota, à Minneapolis (États-Unis) ont étudié les comportements de 2516 adolescents issus de 31 écoles du Minnesota (2°). Une enquête a été effectuée en classe en 1999 pour déterminer la fréquence des repas familiaux, puis par courrier en 2004 pour cerner le comportement alimentaire et déterminer le BMI. Les résultats indiquent que chez les filles, celles qui prennent en famille au moins 5 repas par semaine en 1999 ont significativement moins de risque (près de 30 % en moins) de recourir à des mesures extrêmes (vomissements, diurétiques) pour perdre du poids. Cette association est indépendante du statut sociodémographique, du BMI ou du lien avec la famille.

Filles et garçons inégaux
L'étude ne montre cependant aucune association de ce type chez les garçons. Les auteurs relèvent que les filles sont généralement plus impliquées dans la préparation des repas et d'autres tâches en rapport avec les aliments que les garçons, ce qui pourrait contribuer à expliquer l'effet protecteur vis-à-vis des troubles du comportement alimentaire. Ils émettent aussi la possibilité d'une sensibilité plus grande des filles et le fait qu'elles peuvent être plus facilement influencées par les relations interpersonnelles et familiales que les garçons.

À table !
Ces données soulignent donc le rôle important des repas pris en famille pour les jeunes filles. Pour les auteurs, les professionnels de la santé ont un rôle à jouer en soulignant les bénéfices liés aux repas familiaux, en aidant les familles à augmenter la fréquence des repas pris ensembles, en explorant les manières d'améliorer l'atmosphère des repas familiaux pris avec des adolescents et en discutant de stratégies pour arriver à créer des repas sains et faciles à préparer pour toute la famille. Voilà assurément un défi de taille à une époque où triomphent l'individualisme, la déstructuration des repas, le grignotage et autres formes de « nomadisme alimentaire »...

 

Par Nicolas Guggenbühl, Diététicien Nutritionniste

Références

Neumark-Sztainber D et al. Prev Med 2006 ;43(1) :52-59.>
Neumark-Sztainer D et al. Arch Pediatr Adolesc Med 2008 ;162(1) :17-22.




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