Les principes de base de l’alimentation équilibrée ne sont pas très compliqués. Et pourtant, quand on voit comment flambent les épidémies d’obésité, de diabète et de maladies cardiovasculaires, on se rend vite compte que ces principes ne sont pas très suivis. Il n’est donc pas inutile de les rappeler régulièrement à nos patients. L’occasion de les remettre à l’honneur nous a été donnée récemment par une conférence organisée par SEB sur la manière de gérer son alimentation pour se protéger des maladies cardiovasculaires.
Le tour de taille, simplement
Un des premiers critères auxquels il faut rester attentif, a souligné l’orateur, le Pr Jean-Paul Thissen (UCL) est le poids corporel. De très nombreuses études ont montré une augmentation des risques cardiovasculaires avec l’augmentation du poids. Pour ne citer qu’un exemple, on peut pendre celui de la Nurse’s Health Study, dans laquelle il est apparu qu’un excès de poids à 18 ans et/ou une prise de poids après cet âge étaient corrélés à une augmentation du risque cardiovasculaire. L’étude Interheart avait montré, quant à elle, que ce n’est pas tant le BMI comme tel qui est l’indicateur du risque mais le rapport taille/hanche. On préfère maintenant prendre en considération le tour de taille, tout simplement. Cela n’est pas dénué de sens : nous connaissons tous la relation entre l’obésité abdominale et le syndrome métabolique, dans lequel entrent aussi l’hypertension, les troubles lipidiques, l’intolérance au glucose et le diabète de type 2.
Tour de taille, taille des portions
Dans le concret, cela veut dire que pour être attentif à son tour de taille, il faut être attentif à la taille des portions dans son alimentation. Cela non plus n’est pas anodin car si on observe les hamburgers d‘un fast food, on s’aperçoit que leur valeur calorique a augmenté de plus de 40% en quelques années, rien qu‘à cause de l’augmentation de leur taille. Quant aux soft drinks, ils sont passés aux Etats-Unis d’un demi-litre à un litre et demi, puis à deux et on commence à en voir à trois litres. Il ne faut pas chercher loin pour trouver l’origine de l’épidémie d’obésité qui sévit Outre-Atlantique. Le malheur veut que nous imitions, avec quelques années de retard, les facéties en tous genres qui s’y commettent : cela n’est pas de bon augure pour la santé publique. La taille des portions ne dit pas encore tout : il faut encore parler de la densité calorique, c’est-à-dire le nombre de calories présentes dans 100 g par d’un aliment ou par 100 ml d’une boisson. De cette notion découle une évidence : plus cette densité est élevée, plus l’apport calorique est élevé. La teneur en graisses est un des déterminants majeurs de la densité calorique. Or les graisses sont peu satiétogènes et leur palatabilité les fait apprécier. De plus, elles sont de faible coût, ce qui en fait un véritable danger pour les personnes à faibles revenus. Il faut donc également être attentif à cet aspect.
Une autre épidémie qui nous envahit est celle du diabète de type 2. Il est le résultat de l’interaction entre des facteurs environnementaux et des facteurs génétiques. La Nurse’s Health Study a également montré que le risque de diabète augmentait avec le tour de taille. Et le diabète est lui-même un facteur de risque de maladies cardiovasculaires. Contrairement à ce qu’en croit le grand public, c’est la consommation excessive de graisses qui est l’un des premiers responsables du diabète. Cela ne veut pas dire que les glucides sont totalement hors de cause. Mais il faut rappeler à nos patients que les hydrates de carbone à indice glycémique élevé accroissent le risque de diabète, ce qui n’est pas le cas des hydrates de carbone à faible index glycémique. Il en va de même avec les fibres, en particulier les fibres insolubles des céréales: leur consommation abaisse le risque de diabète.
L’incontournable cholestérol
On ne peut pas parler de risque cardiovasculaire sans aborder la question du cholestérol. Nous savons bien que c’est archi-connu mais on ne compte plus les études qui ont montré son importance en tant que facteur de risque : le cholestérol total et le LDL-cholestérol sont en corrélation positive avec le risque d’affections cardiovasculaires, tandis que le HDL est en corrélation inverse. Les aliments riches en cholestérol que l’on consomme le plus dans nos pays sont la viande et les matières grasses d’origine animale.
Les différents types d’acides gras exercent des influences diverses sur les taux des fractions lipidiques du plasma. Ainsi, les acides gras saturés, que l’on trouve essentiellement dans les graisses animales, favorisent l’augmentation du cholestérol total et du LDL. Les acides gras mono-insaturés tendent à faire baisser ces deux paramètres et favorisent l’augmentation du HDL-cholestérol.
Les graisses poly-insaturées
Quant aux acides gras oméga-3 et oméga-6, les uns et les autres sont indispensables à notre santé mais les oméga-6 sont plus thrombogènes et plus pro-inflammatoires que les oméga-3. Il faut donc respecter un équilibre entre eux. C’est pour cela que l’on recommande de manger du poisson deux fois par semaine, sans oublier de consommer cinq portions de fruits et légumes par jour car ils apportent bien d’autres choses encore que des acides gras polyinsaturés.
La Rédaction
Références
d’après la conférence organisée à Bruxelles par SEB en février 2008