Un sondage– réalisé par le Prof René Patesson (ULB) à la demande de la Fédération de l’Industrie Alimentaire (Fevia) nous éclaire un peu mieux sur la façon dont le Belge voit les liens entre son style de vie et le poids. Cette enquête téléphonique – qui ne doit pas être confondue avec une étude scientifique – a porté auprès 610 Belges âgés de 18 à 55 ans. La distribution des catégories de BMI était comparable à celle de l’Enquête de Santé Publique de 2001.
L’inactivité pour indice
Pour les Belges, les causes sur surpoids sont avant tout l’alimentation déséquilibrée (98 % des réponses) et le manque d’exercice physique (94 %). Et en toute logique, au fur et à mesure que l’on augmente dans les classes de BMI, il y a moins de personnes pratiquant un sport, la promenade et qui prennent l’escalier à la place de l’ascenseur. Les obèses rapportent en outre consommer moins de fruits, d’aliments complets et de légumes au quotidien, et plus de charcuteries, de boissons alcoolisées, de chocolats, de bombons, de friandise, de viande et de sel. Mais il y a aussi quelques surprises…
Moins de grignotage
Contrairement à une opinion répandue, le grignotage ne serait pas l’apanage des plus corpulents : il n’y a pas de différence significative selon les catégories de BMI, et les maigres auraient même tendance à (déclarer) grignoter plus souvent. Les obèses déclarent cependant faire plus souvent l’impasse sur le petit déjeuner, ce qui colle avec les connaissances issues de l'épidémiologie.
Autre surprise, les personnes obèses rapportent manger moins d’aliments frits, de chips, de biscuits, de gaufrettes et de boissons sucrées, bref, d’aliments souvent jugés « diététiquement incorrects ». Et ils semblent plus friands de boissons light, de produits light et d’édulcorants artificiels. De là à dire que le light fait grossir… !
Selon Patesson, cela laisse à penser que l’excès de poids n’est pas lié à la nature des aliments ingérés, mais qu’il faut plutôt chercher du côté de la quantité de nourriture ingérée, qui serait excessive chez l’obèse. D’ailleurs, l’enquête montre qu’au fur et à mesure que l’on monte dans les classes de BMI, les sondés déclarent plus souvent manger trop ou irrégulièrement. Et le contrôle social de l’ingestion de nourriture (restaurants, fêtes, réunions de famille…) est moins bon chez les plus corpulents.
Près du frigo
Le temps passé devant la télévision est, lui aussi, plus élevé parmi les personnes en excès de poids. Mais l’endroit où se situe le téléviseur semble avoir son importance : il y a plus d’obèses parmi les personnes qui regardent la télé dans la pièce de séjour que ceux qui préfèrent regarder la télé dans la chambre à coucher. Pour Patesson, cela pourrait s’expliquer par une moins bonne proximité du frigo ou d’autres réserves de vivres lorsque la TV est dans la chambre à coucher.
Avec des pincettes !
Ces données ne peuvent en aucun cas servir à étudier les causes de l’obésité. On retiendra, parmi les limitations importantes, que les anamnèses alimentaires – surtout menées par téléphone – sous-estiment souvent les apports alimentaires réels, et rapportent des données anthropométriques où le poids est souvent inférieur, et la taille plus grande. Et surtout, que comme l’ont déjà montré plusieurs études scientifiques, la sous-estimation de l’énergie ingérée est plus marquée parmi les obèses que les non-obèses…
Nicolas Guggenbühl