Certains prétendent que le Belge ne tire pas bénéfice pour sa santé de sa faible consommation de poisson (à peine 180 g par semaine, contre 1,3 kg pour le Japonais !). C’est aller un peu vite en besogne, au vu des résultats nuancés apportés par une récente étude grecque. Pour ces chercheurs de l’Université d’Harokopio, à Athènes (1), il n’est pas nécessaire de consommer de grandes quantités de poisson pour soulager le cœur et les artères. Ils s’appuient sur l’analyse de la consommation de produits de la mer chez 848 personnes ayant développé un syndrome coronarien aigu, ainsi que celle de 1078 sujets en bonne santé. Au bilan, la consommation de poisson abaisse sensiblement (de 38 %) le risque de développer ce type d’affections. Cette protection s’étend aussi bien au fumeur (-11 %) qu’au diabétique (-24%), deux groupes particulièrement à risque de maladies cardio-vasculaires. Mais le résultat le plus étonnant est certainement la dose protectrice : les auteurs n’observent plus de bénéfice supplémentaire au-delà de150 g par semiane, comme s’il existait un plateau dans l’effet préventif.
Muscler le cerveau ?
Selon une étude néerlandaise (2) entreprise durant 6 ans auprès de 5289 personnes de plus de 55 ans, la consommation élevée d’acides gras polyinsaturés (dont les acides gras oméga-3 des poissons gras) et d’acides gras monoinsaturés serait associée à un plus faible risque de maladie de Parkinson. Certes, cette étude est plutôt un plaidoyer pour l’alimentation Méditerranéenne, mais elle rejoint dans la manière les résultats d’autres travaux récents montrant les bénéfices des oméga-3 dans le déclin cognitif.
Dans un autre travail, des souris génétiquement modifiées pour développer la maladie d’Alzheimer recevait soit une alimentation enrichie en DHA, soit une alimentation limitée en cet acide gras (3). Après 3 à 5 mois d’un tel « régime », les rongeurs « gavés » de DHA ont développé 70 % de protéines amyloïdes en moins au niveau cérébral en comparaison du groupe contrôle.
L’ostéoporose en point de mire
Si la plupart des recherches actuelles sur les oméga-3 se focalisent sur le cœur et la santé mentale, elles risquent de prendre une tournure encore bien différente si l’étude expérimentale d’un laboratoire américain venait à se confirmer (4). Celle-ci montre, chez des rates ovarectomisées, un protocole expérimental qui mime la ménopause de la femme, un effet protecteur consistant sur la conservation du capital osseux avec une alimentation basée sur un rapport oméga-6/oméga-3 de 5/1, un phénomène qui ne s’observe pas si ce ratio est ramené à 10/1. Les oméga-3 sont associés à un meilleur statut osseux sanguin et à une plus grande densité minérale osseuse. Pour les auteurs de cette étude, les effets anti-inflammatoires des oméga-3 pourraient être responsables de la diminution de la résorption osseuse liée à la déficience en oestrogènes. De là à faire des oméga-3 une priorité dans la santé osseuse pour les années futures, il est un pas encore trop tôt à franchir...
Nicolas Rousseau
Diététicien nutritionniste
Sources :
Panagiotakos DB Int J Cardiol. 2005;102(3):403-9.
De Lau LM et al. Neurology 2005 ; 64 :2040-45
Cole GM et al. Eur J Neurosci 2005 ; 22(3) : 617-26
Watkins B et al. J Nutr Biochem 2005 ; Aug 12 ;