Le lait, et le lactose qu’il contient est en principe un aliment important dans l’alimentation du nouveau-né et du nourrisson. Il est hydrolysé par la lactase située au niveau de la bordure en brosse intestinale, en ses deux composants moléculaires, le glucose et le galactose. Ceux-ci peuvent alors être absorbés par la paroi digestive. Chez la plupart des enfants, l’activité lactase est maximale en période prénatale. Puis une partie des individus perdent totalement ou partiellement leur lactase, entre 2 et 12 ans. Ils ne sont plus capables de digérer le lactose ou le supportent mal. On estime qu’au moins 65% de la population mondiale sont intolérants au lactose.
Dans l’intolérance au lactose, les selles sont généralement volumineuses, mousseuses et aqueuses. Mais le patient ne perd pas de poids. Une fois déclenché, le phénomène devient chronique. Certains auteurs pensent même que des symptômes extra-digestifs peuvent se manifester, tels que des maux de tête, des vertiges, des troubles de la mémoire, des douleurs musculaires et articulaires, des arythmies cardiaques, etc. Bref, il existe une très grande variabilité dans les symptômes de l’intolérance au lactose et il faut y penser quand les autres possibilités ont pu être éliminées. Des tests spécifiques existent mais la concomitance entre la prise de lactose et l’apparition des symptômes fournit une bonne orientation de la recherche. Une fois diagnostiqué, l’intolérance au lactose se traite par l’évitement du lactose. Mais il faut opter pour des solutions qui évitent les carences en calcium et en vitamine D1.
On a longtemps proposé comme raison de la persistance de la lactase, donc de la tolérance au lactose, la continuation de l’habitude de consommer des produits laitiers. Cette idée est aujourd’hui battue en brèche par une série de scientifiques, parmi lesquels des biologistes et un … archéologue2. Il faut savoir que dans des pays nordiques comme la Norvège ou la Finlande, la proportion des personnes tolérantes au lactose s’élève jusqu’à 74%, voire 82%. Or, disent-ils, l’habitude de boire du lait frais de vache est récente dans ces pays. De plus, il n’y avait pas assez de lait dans ces contrées pour couvrir la consommation des adultes : l’archéologie montre que l’élevage de bovins l’était ni très répandu, ni suffisamment productif pour cela. Une seule explication est possible pour la haute prévalence de la tolérance au lactose: la migration de populations tolérantes. Et de proposer qu’il s’agisse de représentants de ce qu’on appelle la «Corded Ware Culture» ou culture de la céramique cordée, une des premières cultures d’agriculteurs en Europe. Elle est ainsi appelée en raison de l’aspect de ses poteries.
Le gène LCT et ses polymorphismes ont été étudiés par les généticiens. Les individus à l’activité lactase réduite et ceux qui ont une persistance de la lactase ont les mêmes séquences pour ce gène, à l’exception de mutations silencieuses. Leurs lactases sont donc identiques. Deux variantes ont été associées à la persistance de l’activité lactase. La théorie des migrations des premiers agriculteurs et les données de la génétique se rejoignent ainsi. Un test génétique existe d’ailleurs pour rechercher la forme adulte de l’intolérance au lactose, en complément aux tests classiques.