Le cacao, au cœur de la circulation

13/12/2003
Article

La " nourriture des dieux ", à savoir le cacaoyer (Theobroma) a été utilisé à des fins médicinales depuis plus de 1400 ans par les populations anciennes des Amériques. Cette carrière relève désormais de l'histoire et les délices cacaotés sont aujourd'hui consommés surtout pour le plaisir. Et pourtant, depuis que la science moderne s'intéresse au cacao et à ses polyphénols, force est de constater que cette denrée à plus d'un tour dans sa cabosse. 
A l'occasion du symposium " Cocao polyphenols - Potential Health Benefits ", qui se déroulait dans le cadre de cadre de la 1ere Conference internationale sur les polyphénols et la santé*, Carl Keen (Université de Californie, Davis, Etats-Unis) a présenté les différentes acquisitions récentes sur les effets des flavonoïdes du cacao et la santé cardiovasculaire. 
La consommation d'aliment ou de boisson riche en flavanol entraîne une augmentation rapide de la concentration sanguine en épicatéchine (EC), laquelle est corrélée à la majoration de la capacité antioxydante du plasma et à une diminution des produits d'oxydation des lipides. Une bonne raison pour finir un repas par une douceur cacaotée… 


Effet "aspirine"

L'ingestion d'aliments riches en flavonols est associée à une réduction de la réactivité des plaquettes et à une augmentation du temps de coagulation, avec la même magnitude que de faibles doses d'aspirine. Récemment, Keen et ses collègues ont montré que des flavonols et les procyanidines (retrouvées dans le cacao) peuvent induire une vasorelaxation dépendante de l'endothélium. Cet effet semble lié à l'oxyde nitrique (NO), dont on connaît l'aptitude à provoquer le relâchement des muscles lisses, une vasodilatation et une inhibition de la formation de thrombus. Une nouvelle étude publiée récemment dans le JAMA (1) montre qu'une dose unique d'une boisson cacaotée riche en flavanols augmente, de façon transitoire, l'activité biologique du NO et renverse, de manière significative, la dysfonction endothéliale. 
Mais il existe aussi de nombreux métabolites de flavonoïdes qui apparaissent dans le sang après l'ingestion de cacao. Les expériences de Marie-Paule Gonthier (Université de La Réunion, La Réunion, France), indiquent que, contrairement aux formes monomères (catéchines), les formes oligomères du cacao atteignent en grande partie le côlon, où elles sont métabolisées par la flore intestinale, ce qui génère de nombreux acides aromatiques retrouvés dans la circulation. Les effets locaux et systémiques de ces métabolites, ainsi que le rôle de la flore intestinale, ne manqueront pas d'alimenter les recherches à venir.

Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste

(1) Heiss C et al. JAMA 2003;290(8):1030-1.




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