Onzième commandement : fruits et légumes tu mangeras !

13/12/2003
Article

Au cours de l'année scolaire 1999-2000, des fréquentiels de consommation de fruits et légumes ont été enregistrés auprès de 5.000 jeunes garçons et filles belges de 12 à 15 ans (1). Pour ces adolescents, une portion de légumes fut définie comme un quart d'assiette et une portion de fruits comme une pomme de grosseur moyenne. Les résultats sont remarquablement... déplorables !

Un sur dix

A peine un adolescent de sexe masculin sur dix consomme quatre portions de fruits et légumes par jour ou plus. Plus précisément, cela fait 10,0% en Flandres et 13,2% en Wallonie. Pour les jeunes filles, les chiffres sont de 15% et 14,6%, pour la Flandre et la Wallonie, respectivement. Un jeune homme sur quatre en Wallonie (23,6%) et près d'un sur cinq (19,1%) en Flandres déclare ne prendre qu'une portion ou moins de fruits et légumes par jour. Quant aux adolescentes, elles sont 19,5% en Wallonie et 16,0 % en Flandres. Si on considère comme une norme la consommation de trois fruits et deux portions de légumes par jour, on se rend compte qu'un petit nombre seulement d'adolescents y souscrit. Le déclin des bonnes habitudes alimentaires entre 14 et 15 ans est frappant, particulièrement chez les adolescentes. Les jeunes d'un sexe comme de l'autre, en Flandres comme en Wallonie, ont un comportement alimentaire encore moins adapté s'ils appartiennent à l'enseignement technique ou à l'enseignement professionnel, surtout lorsque leur mère n'a suivi que l'enseignement fondamental ou moins encore.

Et maintenant ?

Les campagnes développées en vue de renforcer la consommation de fruits et légumes chez les jeunes doivent tenir compte d'un certain nombre de faits. Il existe à l'évidence une différence entre la consommation de fruits et celle de légumes : les fruits les plus prisés sont les plus sucrés et ils sont consommés crus, ce qui en fait des desserts et des collations. Les légumes sont mangés crus ou cuits, essentiellement au cours des repas. Les ados choisissent généralement eux-mêmes leurs collations, alors qu'ils sont plus dépendants de leurs parents ou de l'école pour leurs repas. Il faudrait en tenir compte dans les campagnes d'information si l'on veut une assurer une plus grande efficacité. 
Parallèlement à ces actions, il faudrait augmenter la disponibilité des fruits et légumes. La baisse de leur consommation entre 14 et 15 ans peut signifier que les habitudes alimentaires se dégradent au moment de l'adolescence. Les actions menées auprès des enfants ne seraient donc pas suffisantes pour assurer un apprentissage durable des bonnes mœurs alimentaires : une perte de cet apprentissage semble survenir au cours de l'adolescence. 
Aucun aliment fonctionnel n'a montré à ce jour, de manière aussi évidente, que l'apport journalier de portions de fruits et de légumes à une influence aussi positive sur la morbidité et la mortalité. Bien que ces faits soient scientifiquement démontrés depuis au moins vingt ans, ils sont méconnus du public. Chaque année, des sommes considérables sont investies pour des aliments nettement moins intéressants pour la santé, alors qu'on consacre si peu d'argent à des campagnes d'information sur les fruits et légumes. De telles actions devraient pourtant être continues et s'adapter aux groupes cibles. Le Belge moyen pense que les dioxines, les antibiotiques, les hormones et pesticides sont nuisibles pour sa santé. Mais il oublie que les fruits et légumes, comme d'ailleurs les graisses saturées, influencent bien plus la morbidité et la mortalité.

Patrick Mullie
Diététicien Nutritionniste

1. Mullie P et al. Tijdschrift voor Geneeskunde 2003;59:799-807.




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