Si le petit monde du “Bio” a sans doute profité ça et là des crises sanitaires, il continue cependant, lentement mais sûrement, à grignoter du terrain sur la production conventionnelle. Quelques chiffres valent mieux qu’un long discours.
Une filière en développement
En 2002, on estime à 22 millions d’hectares la surface consacrée à l’agriculture biologique dans le monde. En tête du Hit Parade, on trouve l’Australie, avec la moitié de la surface totale des terres cultivables, devant l’Argentine, l’Italie et l’Allemagne, leader européen du chiffre d’affaires (CA) du marché bio avec 2.3 % de la production agricole allemande. La Belgique fait partie des lanternes rouges (0.8 % de la surface agricole totale) avec l’Espagne (0.5 %). Curieux, d’autant que notre pays a libéré plus de 200 plantes médicinales et est reconnu en Europe pour sa grande considération des “thérapies naturelles”. L’exemple de la France est révélateur de l’expansion de la culture bio dans le secteur alimentaire. Pointée au dixième rang mondial pour la surface consacrée à la production bio (1.2 % du total), le nombre d’exploitations œuvrant dans ce segment y a progressé de 8 % de 2001 à 2002, soit près de 800 nouvelles exploitations par an… L’élevage bio suit aussi son bonhomme de chemin avec une croissance de 21 % dans le secteur bovin, de 9 % dans le secteur ovin et de 12 % dans le secteur caprin. En conséquence, le CA généré en 2002 par le secteur dans l’Hexagone atteint la coquette somme de 2.5 milliards d’euros !
La distribution s’organise
A ce niveau aussi, on observe un véritable “Boom”, après de nombreuses années de lent, mais continu développement. La part du Bio sur le marché agroalimentaire mondial approche 2 % et devrait se situer aux alentours de 3.3 % en 2005, ce qui lui conférerait un taux de croissance de 20%… En France, le bio quitte peu à peu les magasins spécialisés, puisque la grande distribution se taille désormais aussi une part du lion, avec la moitié du CA. Elle constitue sans nul doute l’un des moteurs de l’explosion du bio ces dernières années. Et vu le nombre d’enseignes françaises qui colonisent les supermarchés du territoire belge, on peut s’attendre à voir déferler une vague de Bio chez nous dans les prochaines années, l’offre créant la demande et vice versa. Bref, il va falloir compter avec le segment agrobiologique d’ici peu.
Les compléments s’imposent
Autre secteur très dynamique en Europe : celui des produits diététiques et des compléments alimentaires. Avec 30 % des 45 milliards de dollars (sic !) du marché mondial des compléments alimentaires, l’Europe a connu une croissance de 10 % entre 2000 et 2001. Près d’un Français sur deux (dont 65 % des femmes actives de moins de 55 ans) prend aujourd’hui des compléments, que ce soit occasionnellement ou même régulièrement (8 %). Via quel réseau ? Essentiellement via les pharmacies (50 % du CA). Au rayon produits “diététiques”, 38 % du CA (274 millions d’euros en France) est alloué aux seuls produits “régime minceur”… Le consommateur continue donc à mettre allègrement la main au portefeuille pour perdre du poids… et dépense paradoxalement de moins en moins pour faire de l’exercice et de plus en plus pour passer moins de temps en cuisine !
Nicolas Rousseau
Diététicien Nutritionniste
* Natexpo – Le Salon International des Produits Bio, de la Forme et de la Santé. Du 18 au 20 octobre 2003. Paris expo – Porte de Versailles.