Hypercholestérolémie et excès de poids sont deux des fléaux nutritionnels les plus répandus. Si les démarches entreprises pour perdre du poids s’accompagnent automatiquement d’une réduction de la cholestérolémie, l’inverse est plus rare. Et c’est encore plus vrai depuis l’arrivée d’aliments fonctionnels enrichis en esters de phytostérols ou de phytostanols, qui permettent d’agir efficacement sur la cholestérolémie, sans changer d’un iota l’apport calorique. Et force est de constater qu’il ne suffit pas d’alléger la teneur en matière grasse et encore moins de remplacer du beurre par de l’huile d’olive pour maigrir.
Certains lipides semblent cependant présenter quelque intérêt dans la chasse aux kilos. Il s’agit des triglycérides à chaîne moyenne (MCT), que l’on retrouve notamment dans les huiles de palme et de coco, et dont le potentiel dans l’amaigrissement est étayé par plusieurs travaux récents menés au Canada. L’un d’entre eux (1) montre que chez des patients obèses, la consommation pendant 27 jours d’un régime à 40 % de lipides composé en majorité de MCT (67 %) entraîne une augmentation significative de la dépense énergétique, par rapport à celle mesurée au cours de 27 jours avec un régime riche en triglycérides à chaînes longues (LCT).
Le retour des huiles tropicales ?
Dans une seconde étude effectuée par cette équipe, 24 sujets en excès de poids ont consommé, au cours de deux périodes de 28 jours, un régime riche en MCT puis un riche en LCT (2). Les auteurs ont constaté qu’avec les MCT, la perte de tissu adipeux était plus importante, ce qui pourrait s’expliquer par une augmentation de la dépense énergétique et de l’oxydation des acides gras.
Toutefois, si ces huiles tropicales ont des effets intéressants sur le métabolisme énergétique, elles sont aussi connues pour leur rôle délétère sur le profil lipidique. D’où l’idée des chercheurs canadiens d’associer aux huiles tropicales un peu d’huile de lin (très riche en oméga-3) et… des phytostérols. Ils ont de nouveau comparé, chez des sujets en excès de poids, un régime isocalorique soit riche en cette nouvelle huile fonctionnelle, soit en huile d’olive, en se focalisant sur les lipides sanguins (3). Résultats : l’huile fonctionnelle provoque une diminution du taux de cholestérol de 12,5 %, contre seulement 4,5 % avec l’huile d’olive. De plus, la taille des particules de LDL est plus élevée avec l’huile fonctionnelle, autre évolution favorable face au risque cardio-vasculaire.
Si les huiles tropicales n’ont pas tellement la cote pour l’instant, il n’est pas impossible que l’avenir leur réserve un retour triomphant !
A l’Assomption, le cholestérol chute
Des chercheurs crétois ont étudié l’effet du jeûne sur les paramètres lipidiques (4). Ils ont suivi 120 adeptes de l’Église orthodoxe grecque, parmi lesquels 60 effectuaient les 3 périodes de jeûne : 40 jours avant Noël, 48 jours pendant le carême et 15 jours à l’Assomption. Ils montrent que, par rapport à ceux qui ne font pas le jeûne, ceux qui le suivent affichent, après les périodes de restriction, un cholestérol total et LDL significativement plus bas : respectivement 12,5 et 15,9 %. Des résultats similaires apparaissent lorsqu’ils comparent les valeurs obtenues avant et après le jeûne. La restriction s’accompagne aussi d’une légère, mais significative, diminution de l’indice de masse corporelle (- 1,5 %). Ces périodes de jeûne, qui grossièrement consistent en une alimentation végétarienne comprenant poisson et fruits de mer, seraient-elles une autre pièce du puzzle de la longévité légendaire des Crétois ? |
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
(1) St-Onge MP et al. Int J Obes Relat Metab Disord 2003;(1):95-102
(2) St Onge MP et al. Obes Res 2003;(3):395-402
(3) St Onge MP et al. J Nutr 2003;133(6):1815-20
(4) Sarri KO et al. BMC Public Health 2003,3 :16 (www.biomedcentral.com/ 1471-2458/3/16/abstract