Etant directement en contact avec le monde extérieur, le nez est aussi bien un réservoir de germes aérobies que de germes anaérobies. Certains germes pathogènes, comme le Staphylococcus aureus et le Streptococcus pneumoniae, sont parfois responsables d’inflammation des sinus, des voies respiratoires ou des oreilles. Normalement, le système immunitaire d’un individu en bonne santé, associé aux effets de compétition de la flore intestinale, sont à même de garder ces bactéries nuisibles sous contrôle.
Une nouvelle étude (*) montre même qu’en modifiant l’équilibre de la flore intestinale via l’ingestion de probiotiques, il est également possible de diminuer la présence de microorganismes pathogènes au sein de la flore nasale. Les probiotiques pourraient-ils agir au nez et à la barbe de certains médicaments ? On pourrait le croire… Ainsi, près de 209 adultes ont reçu pendant environ 1 mois soit un probiotique (PRO ; n=108), soit un placebo (CTRL ; n=101). Après 1, 21 et 28 jours de “traitement”, des prélèvements ont été effectués au niveau de la flore nasale afin de suivre l’évolution des colonies de germes pathogènes. Dans le groupe PRO, au terme de l’essai, cette colonisation avait régressé de près de 19%, un beau pied de nez au groupe CTRL où l’on ne relevait aucun effet du placebo.
Comment expliquer ces effets observés entre deux organes situés aux antipodes l’un de l’autre ? Pour les auteurs de l’étude, il repose sans doute sur la production d’IgA sécrétoires dans la paroi nasale, sous l’impulsion de la flore intestinale. Ces anticorps puissants sont dirigés, dans le côlon (et dans le nez désormais), contre les principaux germes pathogènes, qu’ils détruisent. Les deux flores sont donc maintenant nez à nez…
P Mullie
Diététicien Nutritionniste
*Gluck U, Gebbers JO. Ingested probiotics reduce nasal colonization with pathogenic bacteria. Am J Clin Nutr 2003;77:517.