Il n’y a pas de « petit » diabète ! C’est en ces termes que le Dr Jean-Claude Daubresse (CHU Charleroi) souligne que même s’il est devenu banal, le diabète de type 2 n’en reste pas moins préoccupant. Sur le plan des anomalies lipidiques, le patient diabétique est confronté à une triade athérogène, représentée par une augmentation des triglycérides, un abaissement du cholestérol HDL et une élévation des LDL petites et denses. La résistance à l’insuline joue un rôle clé dans ce sombre tableau et ce, par deux voies complémentaires. D’une part, elle entraîne une libération accrue d’acides gras par les adipocytes viscéraux, d’autant qu’il y a souvent une accumulation de graisse intra-abdominale. Ce flot d’acides gras inonde le foie, ce qui stimule la production de VLDL. D’autre part, l’insulinorésistance entraîne une diminution de l’activité de la lipoprotéine lipase (LPL). La cascade de « délipidation » des chylomicrons et des VLDL conduisant à la formation des HDL est donc moins fonctionnelle, favorisant à terme l’accumulation des triglycérides.
Une perte de 10 kg entraîne une réduction de (2) :
|
Maigrir, c’est puissant !
Les objectifs diététiques de la prise en charge des patients diabétiques sont passés au crible par Véronique Maindiaux (Institut Paul Lambin, Bruxelles). Ils consistent à améliorer l’équilibre glycémique, à favoriser la perte de poids, à veiller à la consommation de graisses de meilleure qualité mais aussi à encourager la consommation de végétaux. Les bénéfices associés à une perte de poids, même modeste, sont loin d’être négligeables.
Deux types de régimes équilibrés peuvent être envisagés : l’approche classique consiste à mettre en place un régime de type glucidique et pauvre en lipides. Toutefois, certains préfèrent adopter une alimentation légèrement plus riche en lipides (qui ne doit tout de même pas dépasser 35 % du bilan énergétique total), pour autant que ces derniers soient représentés essentiellement par des acides gras mono-insaturés. Ce deuxième schéma peut être obtenu avec une alimentation de type méditerranéen et semble particulièrement bénéfique pour agir sur l’hypertriglycéridémie.
La glycémie à son index
Les objectifs diététiques ne se limitent donc pas, comme c’est malheureusement encore trop souvent le cas, à se braquer sur le plus vieil ennemi alimentaire du diabète : le sucre. D’autant que les notions en la matière ont sensiblement évolué depuis l’introduction de l’index glycémique (IG), qui renseigne sur l’élévation de la glycémie consécutive à l’ingestion d’une charge de glucides. Pour France Bellisle (Hôtel Dieu, Paris), bien que l’intérêt de l’IG ne fasse pas l’unanimité dans la communauté scientifique, il existe suffisamment d’arguments en faveur de son utilisation.
Plusieurs travaux ont notamment montré l’intérêt d’une alimentation de faible IG pour améliorer le contrôle glycémique chez des patients diabétiques. Des données récentes issues de la grande population de l’étude des infirmières ont aussi rapporté une association inverse entre l’IG et le risque cardio-vasculaire. Chez des enfants et des adolescents obèses, le fait d’orienter les choix vers des aliments de faible IG a permis d’améliorer de façon importante le contrôle glycémique, ainsi que leur qualité de vie et celle de leurs parents.
France Bellisle insiste cependant bien sur le fait que l’utilisation de l’IG ne remplace en rien les principes de l’alimentation saine. Elle permet simplement d’aller plus loin, en optant, au sein d’une famille alimentaire donnée, pour certains produits plutôt que d’autres. Si la notion d’index glycémique a permis de réhabiliter partiellement certains aliments sucrés dans l’alimentation des patients diabétiques (le saccharose ne présentant pas un IG très élevé), il ne s’agit pas de faire de l’IG le seul ni même le principal déterminant des choix alimentaires.
Céréales : l’atout "complet"
Par rapport à leurs homologues raffinés, les produits céréaliers complets présentent bien des avantages, notamment pour ce qui est de l’apport en fibres alimentaires, en divers nutriments (vitamine E, magnésium, fer…) et autres substances phytochimiques intéressantes (antioxydants, phyto-oestrogènes…). Les données récentes émanant de la « Health Professionnals Follow-up Study », qui porte sur plus de 42 000 professionnels masculins de la santé, apportent de l’eau au moulin des fibres céréalières. Sur base d’un suivi de 12 ans, avec un questionnaire fréquentiel complété tous les quatre ans, les auteurs ont estimé le risque de diabète de type 2 après avoir ajusté les données pour l’âge, l’activité physique, le tabagisme, la consommation d’alcool, les antécédents familiaux de diabète, la consommation de fruits, de légumes et l’apport énergétique. Il en ressort que par rapport au quintile le plus bas pour l’apport en céréales complètes, les personnes dans le quintile le plus élevé bénéficiaient d’une diminution du risque de diabète de type 2 de plus de 40 % (RR = 0,58, IC 95 % : 0,47-0,70). L’association est modérément atténuée, mais elle reste significative lorsque l’on corrige pour l’indice de masse corporelle (RR = 0,70, IC 95 % : 0,57-0,85). Aucune association n’apparaît pour la consommation de céréales raffinées. L’effet protecteur des céréales complètes disparaît lorsque l’on tient compte de l’apport en fibres alimentaires et en magnésium, ce qui suggère que ces constituants pourraient être en partie responsables des effets observés. N.G. Réf: Fung TT et al. Am J Clin Nutr 2002;76 :534-40. |
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
(1) « Troubles métabolique et diététique : notions récentes et perspectives d’avenir. Journée d’étude de l’Association Belge de Diététiciens et de Licenciés en Nutrition de langue française (ABDLF), Namur, 5 octobre 2002.
(2) ANAES. Stratégie de prise en charge du patient diabétique de type 2 à l’exclusion de la prise en charge des complications. 2000. http://www.anaes.fr