D'un côté, l’éthanol semble améliorer la sensibilité à l’insuline mais, de l’autre, la consommation de boissons alcoolisées peut constituer un apport en énergie susceptible de favoriser les réserves graisseuses et donc le diabète de type 2. Une étude prospective d’envergure, réalisée auprès de 52 221 hommes âgés de 40 à 49 ans et suivis pendant 16.8 ans, permet d’y voir un peu plus clair.
Les participants ont été classés en 4 groupes en fonction de leur consommation d’alcool (une unité = un verre de bière ou de vin ou une simple mesure d’alcool, soit environ 10 g d’éthanol) : les « non-buveurs » ou abstinents, les « occasionnels » (moins d’une unité par semaine), les « légers » (1 à 15 unités par semaine), les « modérés » (15 à 42 unités par semaine) et les « lourds » (plus de 42 unités par semaine).
Les auteurs ont observé une relation lentement décroissante puis fortement croissante entre l’apport en alcool et le risque de diabète ajusté pour l’âge. Le risque le plus bas apparaît pour les buveurs « légers » et « modérés » et le plus élevé pour les buveurs « lourds ». Après avoir corrigé pour plusieurs autres facteurs tels que le niveau d’activité physique, le tabagisme et les antécédents, seuls les buveurs « modérés » affichent une réduction significative du risque de diabète, par rapport aux buveurs « occasionnels » (RR = 0,66, IC 95%, 0,44 à 0,99).
Comme d’autres études l’avaient déjà montré, l’apport en alcool était associé négativement avec les taux d’insuline sérique et positivement avec les taux de cholestérol HDL. Toutefois, les auteurs estiment que l’insuline et le HDL n’interviennent qu’à raison de 20 % dans la réduction du risque de diabète observée chez les buveurs modérés. De plus, chez les buveurs « lourds », le risque de diabète est accru en dépit des effets favorables observés sur les taux d’insuline et de HDL. Les auteurs précisent que c’est la corpulence (exprimée par l’Indice de Masse Corporelle ou BMI) des sujets qui semble surtout impliquée dans cette augmentation du risque de diabète.
Bref, il semble que comme dans le domaine de la prévention cardiovasculaire, un niveau de consommation de 2 à 3 verres par jour soit entièrement compatible avec un risque moindre diabète. Cela ne constitue pas pour autant un objectif en soi, surtout pour les abstinents.
Du thé pour « booster » l’insuline ?
Décidément, le monde des plantes n’a pas fini de livrer ses secrets. Cela fait bien longtemps que l’on attribue des vertus anti-diabétiques à certaines plantes. C’est notamment le cas pour le thé en Chine, en Inde occidentale et en Afrique centrale. Mais que dit notre science cartésienne ? Des chercheurs de l’U.S. Department of Agriculture (USDA) ont évalué les effets de quelque 49 extraits d’herbes, d’épices et de plantes médicinales pour voir dans quelle mesure ils pouvaient exercer une activité de type insulinique. Sur des cultures cellulaires d’adipocytes de rats, ils ont ajouté un peu de glucose radioactif, de l’insuline et différents extraits afin d’étudier leur influence sur le métabolisme glucidique des cellules. Parmi les composés les plus efficaces, on retrouve la cannelle, le thé vert et le thé noir. En poussant plus loin leurs investigations, les chercheurs ont pu identifier le composé du thé responsable de l’effet observé : il s’agit du gallate d’épigallocatéchine, un flavonoïde dont le thé vert est particulièrement riche. Une autre équipe vient d’ailleurs de montrer que ce polyphénol agit aussi sur le métabolisme glucidique par une autre voie, en réduisant la production hépatique de glucose. Les chercheurs du l’USDA ont aussi montré que l’action stimulante sur l’insuline se retrouve dans le thé décaféiné et qu’elle est maintenue en présence de jus de citron. Par contre, l’adjonction de lait entier ou écrémé réduit cet effet. Autrement dit, mieux vaut un filet de citron qu’un nuage de lait. Précisons que de l’éprouvette à la tasse de thé, il y a une marge et cet effet du thé doit encore trouver confirmation dans des études humaines. N.G. Réf. Broadhurst CL et al. J Agric Food Chem 2000;48(3):849-52. |
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
Réf. : Wannamethee SG et al. J Epidemiol Community Health 2002;56:542-548.