Coup de coeur pour le coup de rouge

13/09/2002
Article

La saga du vin rouge et de ses effets « cardioprotecteurs » se poursuit, inscrivant encore un peu plus la consommation modérée de ce breuvage dans une nouvelle diététique, moins contraignante que celle du siècle précédent. Michel de Lorgeril (Laboratoire du Stress Cardiovasculaire et Pathologies Associées, Université Joseph Fourier, Grenoble), dont les travaux avaient déjà montré à quel point l’adoption d’une alimentation méditerranéenne peut s’avérer salutaire pour réduire le risque de complication chez les patients cardiaques (Lyon Diet Heart Study), vient de livrer les résultats d’une nouvelle étude sur le sujet très controversé de la consommation d’alcool après un infarctus du myocarde.

Buveurs de vin et style de vie

Une des avancées importante de cette étude est d’éliminer certains biais qui rendent très nébuleuse la relation entre vin et santé. Ainsi, certaines études avaient soulevé le fait qu’à consommation égale d’éthanol, le buveur de vin présentait un profil nettement plus favorable que le buveur de bière et, surtout celui d’alcools forts. Ainsi, les buveurs de vin semblent accorder une place de choix aux fruits et de légumes, au poisson et à l’huile d’olive. Il semble aussi de plus en plus évident que la consommation de petites quantités de vin lors d’un repas – une caractéristique de l’alimentation méditerranéenne traditionnelle – est préférable à des prises moins fréquentes mais plus importantes d’autres breuvages alcoolisés.

Pas d’effet régime

La nouvelle étude se base sur les données de 353 patients âgés de 40 à 60 ans ayant survécu à un infarctus aigu du myocarde et qui suivent soit une alimentation de type méditerranéen (n = 190), soit une alimentation qualifiée de « prudente », notamment pour ce qui est de la quantité et de la qualité de lipides (n = 163). Les sujets ont été répartis en fonction de leur consommation d’éthanol, qui provenait pour 92 % du vin et s’étalait de l’abstinence (quartile 1) à 4-5 verres par jour (quartile 4). Les habitudes alimentaires ne différaient pas en fonction du quartile pour l’apport en éthanol, ce qui montre que dans cet échantillon assez homogène, les buveurs ne mangent pas plus sainement que les abstinents. Et il en est de même pour l’utilisation des médicaments, du tabagisme et de l’âge.

Risque réduit de moitié

Lorsque les auteurs examinent les complications survenues, ils constatent que leur nombre diminue sensiblement en fonction de la consommation d’alcool. Les personnes qui boivent deux verres de vin et plus par jour présentent un risque de complication environ deux fois plus faible que les abstinents.

Sans apporter de réponse définitive au sujet du vin et de la santé, cette étude vient renforcer l’hypothèse d’un effet « cardioprotecteur » de la consommation de vin rouge après un infarctus. Elle ne répond pas à la question de savoir dans quelle mesure les polyphénols du vin rouge apportent une contribution significative à l’effet « cardioprotecteur » déjà bien documenté de l’éthanol. D’autres travaux sont requis pour savoir si la tendance s’observe aussi chez les femmes, les plus jeunes ou les plus âgées.

Par ailleurs, elle ne doit certainement pas inciter à moins de prudence dans le conseil diététique car elle ne prouve pas qu’une personne n’ayant pas l’habitude de boire de l’alcool ait intérêt à se mettre à boire du vin. Par contre, elle suggère bien que l’habitude de boire 2 à 4 verres de vin par jour est entièrement compatible avec l’alimentation saine post-infarctus. Enfin, l’aura du ballon de rouge ne doit pas servir de prétexte pour négliger les autres aspects d’une alimentation saine pour le cœur, qu’elle soit méditerranéenne ou pas.

Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste

Réf. 
De Lorgeril M et al. Wine drinking and risk of cardiovascular complications after recent acute myocardial infarction. Accès rapide de Circulation, (http://circ.ahajournals.org), 3 septembre 2002.




Recherche


Dernières publications


Livres


Inscription à notre newsletter