Les diarrhées virales peuvent être dues à une large palette de virus, à tel point que l’on parle dans plusieurs cas de maladies émergentes. Elles sont de type aqueux, durent généralement trois à cinq jours et peuvent être précédées ou accompagnées à leur début par des vomissements. Il n’est pas rare de noter chez le patient une fièvre modérée, voire un syndrome viral discret. Chez le jeune enfant, chez les patients débilités par une affection chronique ou chez la personne âgée, les symptômes peuvent être plus graves et la déshydratation constitue une menace importante.
Il faut envisager la probabilité d’une diarrhée virale lorsque les signes d’alerte des diarrhées bactériennes sont absents et lorsque les circonstances d’apparition de l’affection ne fournissent pas d’indices permettant de suspecter une autre étiologie (voyage, pratiques sexuelles, épidémie, antibiothérapie). Mais cette absence ne permet pas d’exclure formellement une atteinte bactérienne ou parasitaire. Les signes d’alerte des diarrhées bactériennes sont une fièvre élevée, une diarrhée sanguinolente ou sanglante, une douleur abdominale franche et une fréquence des selles supérieure à 6 par 24h. Il faut toutefois se souvenir que le cytomégalovirus et l’Herpes simplex peuvent provoquer des gastro-entérites ulcérantes. Mais ils sont rares chez les personnes en bonne santé: on les rencontre plus souvent chez les patients immunocompromis.
Contexte révélateur
Le contexte épidémiologique peut éventuellement mettre le clinicien sur la piste d’une cause virale mais il faut rester circonspect à cet égard. Une première possibilité est la gastro-entérite sporadique chez l’enfant. Il s’agit souvent de Rotavirus. Classiquement, on invoque les Rotavirus pour des diarrhées survenant à l’automne ou en hiver chez l’enfant de moins de trois ans, surtout de sexe masculin. Mais ces critères sont de moins en moins classiques, en particulier celui de l’âge, car on a décrit des cas chez les seniors. On peut aussi se trouver face à de petites épidémies sévissant dans des communautés semi-fermées, comme les familles, écoles, casernes, prisons, camps de vacances, etc. ou résultant d’une contamination par l’eau ou les aliments. Il n’est pas rare que de telles gastro-entérites soient dues à des Calicivirus. Il s’agit des virus que l’on dénommait Norwalk-like ou « small round structured viruses », petits virus ronds et structurés. Ils comprennent plusieurs génogroupes, dans lesquels on range aussi des agents qui ne ressemblent pas au Norwalk, comme les Sapporolike virus (virus de type Sapporo).
Au fil des saisons…
Enfin, le troisième schéma épidémiologique que l’on peut rencontrer est celui de l’atteinte sporadique chez l’adulte. Dans ces cas, on peut mettre en cause soit des Calicivirus, soit des Rotavirus, des Astrovirus ou encore des adénovirus. Dans une étude épidémiologique réalisée en Argentine à propos des cas de gastro-entérite admis en un an, il s’est avéré que les Astrovirus touchaient des enfants ayant en moyenne 15 mois. Leur pic de fréquence saisonnière recouvre celui des Rotavirus, à savoir que ces infections sont plus fréquentes au cours des mois les plus froids. Pour les Adénovirus, par contre, les auteurs de cette étude n’ont pas pu mettre en évidence de distribution saisonnière particulière.
En fait, le diagnostic spécifique de la souche virale en cause peut se faire grâce aux techniques de biologie moléculaire mais il n’est guère nécessaire pour instaurer un traitement. La connaissance des éléments qui viennent d’être décrits sert donc plus à orienter le clinicien vers une étiologie virale probable que vers une identification précise du virus.
Bénéfice préventif et thérapeutique
Sur le plan thérapeutique, il est apparu de plus en plus clairement qu’outre les mesures classiques de diététique et de réhydratation, le recours aux agents probiotiques apportait un bénéfice préventif et thérapeutique. L’action de ce type d’agents s’exerce sur l’intestin en tant qu’effecteur du système immunitaire. Parmi eux, Saccharomyces boulardii (Perenterol®) agit de cette manière, mais en plus, on a pu mettre en évidence un rôle trophique sur la muqueuse, notamment par le biais de la sécrétion de spermine et de spermidine. Cette levure s’est avérée capable de réduire de 30 à 70% la fréquence et/ou la durée des diarrhées dans les gastro-entérites aiguës infantiles. Dans une pathologie où les antibiotiques n’ont guère leur place, cet apport n’est pas négligeable. Les probiotiques sont donc recommandés en même temps que les mesures classiques en cas de diarrhées virales.
Dr. Jean Andris
Référence
Goddgame RW. Gastroenteritis, viral. eMedicine Journal, 2002, 3(4).
http://www.emedicine.com/med/topic856.htm
Consulté en mai 2002