La diversité de l’alimentation joue un rôle prépondérant dans la prévention des maladies dites de civilisation. L’épidémiologie lui donne raison alors que les gènes trahissent ses manques ou ses excès. La frontière entre médecine, poids et nutrition est dans tous les cas de plus en plus floue…
Le Belge noie le poisson
Les Belges sont des petits consommateurs de poissons, essentiellement du cabillaud, de la dorade, de la plie, du hareng et des maatjes comme poissons de mer, ainsi que le saumon et la truite comme poissons de rivières. En fait, souligne le Prof Marcel Kornitzer (ULB, Bruxelles), la Belgique est même l’un des pays européens où la consommation des produits de la pêche est la plus basse : les Portugais, par exemple, mangent annuellement 6 fois plus de poisson que nous. Quels sont les arguments pour dire que le poisson est « bon » pour la santé ? D’une part, l’épidémiologie, qui montre que la consommation de 2 à 3 portions de poisson par semaine diminue de 40 % le risque de maladies cardiovasculaires par rapport à l’absence de produits de la mer. On observe de surcroît un effet de gradation dans cette relation. D’autre part, l’expérimentation animale indique que les acides gras oméga-3 du poisson diminuent le risque de thrombose, la triglycéridémie, la pression artérielle et les arythmies, parfois même en plongeant au cœur du noyau cellulaire où ils modifient l’expression de certains gènes. Et en prévention secondaire, poursuit M. Kornitzer, l’augmentation de la consommation de poisson chez des individus coronariens diminue la mortalité totale de près de 30 % et la mortalité cardiaque de 33 %.
L’obésité prend de plus en plus de poids
Thème phare du congrès, la problématique de l’obésité en Belgique soulève aujourd’hui de plus en plus l’indignation. En effet, selon le Prof. Jean-Paul Thissen (UCL, Bruxelles), elle s’accroît à une vitesse alarmante dans notre pays (elle aurait doublé en 15 ans), au point de se rapprocher des niveaux observés aux Etats-Unis. Les femmes obèses représentent 18 % de la population belge, alors que chez les hommes, cette proportion demeure un peu plus faible, avec 12 % des individus. Pire encore, cette augmentation se transmet chez les plus jeunes, comme en témoigne une récente étude de la KUL qui montre que 5 % des enfants belges sont réellement obèses, soit environ un écolier belge obèse pour 2 écoliers américains... Les perspectives pour l’avenir ne sont pas réjouissantes, car selon l’endocrinologue, le coût direct de l’obésité était déjà estimé en 1999 à 6 % du budget de l’INAMI !
Une approche pluridisciplinaire
Pour le Prof. André Scheen (CHU Sart Tilman, Liège), l’hérédité n’intervient que pour une faible part (25 à 40 %) dans l’élévation de l’obésité dans nos régions. Le Belge mange simplement trop (gras) et il est devenu sédentaire. Il est donc plus que temps de réagir, explique le Prof. Greet Vansant (KUL, Leuven) en favorisant une approche pluridisciplinaire dans le traitement de la surcharge pondérale. Le traitement médicamenteux (orlistat, sibutramine), la diététique et l’approche comportementale de l’alimentation sont autant d’éléments qui ne doivent pas être opposés, mais bien associés pour s’octroyer un maximum de chances de réussir. Enfin, selon le Dr Hulens (KUL) l’activité physique même légère, et si elle est adaptée à la surcharge pondérale, améliore toujours la majorité des paramètres biologiques.
Nicolas Rousseau
Diététicien Nutritionniste
* Vendredi 30 novembre et samedi 1 décembre 2001, Palais des Congrès, Bruxelles.