Les A.N.R. ou apports nutritionnels recommandés sont les références de base pour toutes les études et les travaux approchant de près ou de loin les problèmes nutritionnels de notre pays. Les 81 pages de la nouvelle publication (révision 2000) reprennent ce qui avait été publié en 1996 (livre brun) avec toutefois quelques modifications. Il n’y a pas de différences au niveau de l’approche énergétique journalière. Les pourcentages de répartition des nutriments énergétiques (p.ex. : max. 30 % de l’énergie pour les lipides) sont inchangés. Toutefois, quelques nuances sont précisées pour certains nutriments.
Ça bouge Outre-Atlantique
Aux Etats-Unis, le panel d’experts sur les micronutriments de l’Institut de Médecine vient de revoir les données concernant les apports recommandés de 14 nutriments (vitamines A et K, arsenic, bore, chrome, cuivre, iode, fer, manganèse, molybdène, nickel, silicium, vanadium et zinc. Une des grandes nouveautés concerne l’activité vitaminique A des caroténoïdes. La sacro-sainte équivalence selon laquelle 1 mg de rétinol correspond à 6 mg de bêta-carotène et 12 mg d’autres caroténoïdes est battue en brèche. Les experts ont conclu que l’activité vitaminique A des caroténoïdes est deux fois plus faible que ce qui était couramment admis. Il s’agit donc de mettre les bouchées doubles pour les légumes colorés, source de caroténoïde, ce qui ne fera certainement pas de tort à l’équilibre alimentaire ! |
Protéines
Par rapport à ce qui avait été publié dans la troisième édition des tables de Nubel (1999), un correctif concerne les quantités de protéines exprimées en grammes pour 24h. L’objectif étant d’éviter la confusion entre les protéines de référence (dont le profil en acides aminés essentiels et la digestibilité sont optimaux) et les protéines diversifiées ou protéines réelles (une combinaison de protéines de valeurs biologiques différentes), qui sont celles réellement consommées. Pour rappel, les quantités de protéines de référence doivent être divisées par 0.7 (valeur du taux d’utilisation protéique nette applicable à une alimentation diversifiée) afin de passer aux quantités de protéines réelles consommées quotidiennement sous forme de protéines d’origine animale et d’origine végétale.
Lipides
Il n'y a pas de rectification quantitative mais les acides gras mono-insaturés sont mis en valeur : les auteurs précisent que ces acides gras, caractérisant le régime méditerranéen, peuvent être utiles pour la prévention des maladies cardio-vasculaires.
Glucides
Il n'y a toujours aucune valeur chiffrée concernant le sucre ajouté mais l'incitation à la modération, présente dans l'édition précédente, à été élargie aux différentes catégories d'âge. Ainsi, on peut lire qu' “il est recommandé de limiter l'apport en sucres ajoutés tant chez les enfants, les adolescents que les adultes”. Pour ce qui est de l'apport en glucides totaux, la limite inférieure est toujours fixée à 55 % de l'apport énergétique total (AET) mais il n'y a plus de limite supérieure (autrefois 75 % de l'AET). On ne parle plus non plus de la fraction amylacée. Bref, les professionnels de la santé ne disposent d'aucun repère objectif pour : - fixer un seuil de consommation considéré comme acceptable pour les sucres ajoutés (par exemple 10 % de l'énergie chez nos voisins français) - fixer un seuil de consommation minimal pour l'amidon, un glucide dont la présence aurait pourtant bien souvent besoin d'être soutenue, chiffres à l'appui. Heureusement, il reste le bon sens…
Minéraux et oligo-éléments
Une mise au point a été faite pour deux d’entre eux. Ainsi, les A.N.R en potassium sont passés à 2.000-4.000 mg/24h (antérieurement 1.600 à 3100 mg). Les A.N.R. en zinc sont revus à la baisse pour toutes les tranches d’âge (et il n’y a plus de valeurs avant l’âge de 6 mois). Ainsi, pour les adultes, les apports recommandés en zinc passent de 15 à 9,5 mg/24 h et 12 à 7 mg/24, respectivement pour les hommes et les femmes.
Le fluor et le chrome sont brièvement évoqués, mais c’est surtout pour souligner le manque de données pour la formulation de recommandations. Précisons que les Américains (Cf. ci-contre) viennent de fixer un apport adéquat pour le chrome : 35 mcg/j pour les hommes, 25 mcg/j pour les femmes.
Vitamines
La seule révision concerne la vitamine E, dont les A.N.R. sont passés de 16-20 mg par jour à 10 mg et cela sans la moindre explication dans le texte. Ces valeurs sont désormais plus proches de ce que l’on trouve dans les recommandations d’autres pays.
Nicolas Guggenbühl et J. Absolonne
Diététicien Nutritionniste