Manger autrement, manger bio

14/12/2012
Article

L’alimentation est ce qu’elle est. Une chose est certaine, c’est que nous avons à notre disposition une extrême variété d’aliments. Et pourtant, il n’est pas sûr, loin de là, que nous mangeons tous de manière suffisamment variée. C’est que beaucoup de paramètres interviennent dans nos choix alimentaires, à commencer par des influences culturelles et, en ces temps de crise, des contraintes économiques1. Nombreux sont pourtant ceux qui choisissent un mode alimentaire en fonction d’un concept de vie, voire d’une philosophie. On peut citer les végétariens, les végétaliens ou autres animistes, voire tous ceux qui suivent les prescriptions alimentaires de leur religion.

Nuances, nuances …

n raison de leur mode de production, les produits bio sont plus sûrement à l’abri des rémanences de pesticides et engrais chimiques que les aliments classiques, c’est une évidence et c’est important. Sur le plan écologique aussi, la production de ces aliments est susceptible de mieux contribuer à la santé de la planète. Sur le plan de la composition nutritionnelle enfin, il est largement admis que les aliments biologiques ne modifient pas les apports en nutriments, par comparaison avec les mêmes aliments, produits de façon classique. Cela mérite des nuances importantes. Ainsi, Smith-Spanger et al.2 ont passé en revue la littérature sur la question et ont conclu que les produits laitiers et la viande de poulet, par exemple, sont plus riches en acides gras oméga-3 que les produits conventionnels. La richesse des aliments biologiques en polyphénols a été trouvée supérieure à celle des aliments classiques dans plusieurs études. Vingt-trois d’entre les études revues par ces auteurs ont également trouvé une richesse en vitamine C plus importante dans les aliments bio que dans les autres, même si 12 en ont trouvé plus dans les aliments classiques. Enfin, pour le magnésium, 23 études concluaient à la supériorité du bio, contre 6 à celle du conventionnel. Voilà donc une question qui mérite d’être approfondie.

Tout un mode de vie

Petersen et al.3 ont collecté des données sur les habitudes alimentaires de femmes enceintes inscrites dans la Danish National Birth Cohort (DNBC) entre 1996 et 2002. Ils voulaient ainsi évaluer l’impact de l’alimentation biologique sur la santé de la mère et de l’enfant, y compris en s’efforçant d’identifier des facteurs associés. Des informations ont donc été recueillies sur ce que mangeaient ces femmes avant leur grossesse et à mi-grossesse. Les caractéristiques socio-démographiques et économiques de ces personnes ont été enregistrées également. Il est apparu que les personnes qui consommaient souvent des aliments biologiques avaient, par rapport à ceux qui pratiquaient une alimentation plus conventionnelle, des apports significativement plus riches en végétaux (+67%), en fibres (+13%) et en acides gras oméga-3 (+11%) mais moins riches en graisses saturées (-8%). Ils paraissaient aussi avoir un mode de vie globalement plus sain. Manger bio, ce n’est donc pas seulement un choix alimentaire, c’est une attitude inscrite dans tout un mode de vie.

Dr Jean Andris

Références:

1. Poulain JP. Mutations et modes alimentaires. In: Paillat, Monique (sous la direction de). Le mangeur et l’animal. Mutations de l’élevage et de la consommation. Autrement, Coll. Mutations/Mangeurs, N°172, Paris, 1997, 150 p, pp 103-21.

2. Smith-Spangler C, Brandeau u ML, Hunter GE et al. Are organic foods safer or healthier than conventional alternatives? Ann Intern Med 2012; 157(5): 348-66.

3. Petersen SB, Rasmussen MA, Strøm M et al. Sociodemographic characteristics and food habits of organic consumers - a study from the Danish National Birth Cohort. Public Health Nutr 2012; 12: 1-10.




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