La lutéoline est une substance que l’on retrouve dans de nombreuses plantes, y compris les carottes, les poivrons, le céleri, l'huile d'olive, la menthe poivrée, le romarin ou encore la camomille. Une nouvelle étude a examiné les effets de cette molécule alimentaires sur un modèle murin de vieillissement.
Etude in vitro
L'inflammation dans le cerveau semble être un facteur clé de troubles de mémoire chez les personnes âgées. Des chercheurs de l’Université de l’Illinois avaient en effet déjà constaté lors d’études précédentes que lors du vieillissement normal, les cellules microgliales étaient dé-régulées et commençaient à produire des niveaux excessifs de cytokines inflammatoires. Selon leurs dires, ce dérèglement contribuerait au vieillissement cognitif et constituerait un facteur prédisposant au développement de maladies neurodégénératives.
Lors de la nouvelle étude, les scientifiques ont montré que les cellules microgliales exposées à une toxine bactérienne produisaient des cytokines inflammatoires délétères pour les neurones. Par contre, lorsque les microglies étaient mises en contact avec de la lutéoline avant de rencontrer la toxine, les neurones survivaient car ce composé a la propriété d’inhiber la production de médiateurs inflammatoires neurotoxiques. Le fait de n’exposer que les neurones à la lutéoline avant l'expérience n'avait en revanche aucun effet sur leur survie. Cette observation montre donc que la lutéoline ne protège pas directement les neurones mais indirectement par le biais des cellules microgliales.
Et in vivo
Les auteurs ont ensuite évalué les effets de la lutéoline sur des souris adultes (3 - à 6-mois) et âgées (2-ans). Elles ont reçues, pendant une durée de quatre semaines, soit un régime de contrôle, soit une alimentation supplémenté en lutéoline. Leur capacité mémorielle spatiale et leurs taux de marqueurs inflammatoires au niveau de l'hippocampe ont ensuite été mesurés.
Alors que les souris âgées auraient toutes dû présenter des niveaux plus élevés de molécules inflammatoires et avoir de moins bons résultats aux tests de mémoire que les souris plus jeunes, celles dans le groupe « lutéoline » ont obtenu de meilleurs résultats au niveau apprentissage et mémoire que leurs pairs et des taux de cytokines inflammatoires dans le cerveau plus proches de ceux des souris plus jeunes.
D’autres études avaient déjà montré que la lutéoline avait des effets anti-inflammatoires. Néanmoins, ce nouvel essai est le premier à suggérer que la lutéoline améliore la santé cognitive par action directe sur les cellules microgliales, en réduisant leur production de cytokines inflammatoires dans le cerveau. D’autres études devraient maintenant être réalisées afin de voir si ces observations sont également visibles chez l’humain.
Jang S, Dilger R, Johnson R. Luteolin Inhibits Microglia and Alters Hippocampal-Dependent Spatial Working Memory in Aged Mice. Journal of Nutrition, 2010; 140 (10): 1892 DOI: 10.3945/jn.110.123273.
http://jn.nutrition.org/cgi/content/abstract/140/10/1892
Article en anglais consulté en octobre 2010.