Les antioxydants et le cerveau

05/02/2013
Article

La physiopathologie de beaucoup de troubles neurologiques et psychiatriques n’est pas encore bien comprise, même si les connaissances s’accumulent à ce sujet. On connaît un certain nombre de toxiques exogènes, dont l’alcool est l’exemple le plus flagrant. Le glutamate, que l’on utilise dans certaines cultures gastronomiques à titre de renforçateur du goût, en est un autre. On sait qu’il agit notamment en provoquant un stress oxydant intense au niveau cérébral1. Dans beaucoup de troubles du système nerveux central, un constat revient régulièrement : beaucoup de ces troubles sont accompagnés par des anomalies dans le métabolisme de glutathion et les défenses antioxydantes. Et plusieurs toxiques sont connus pour se lier au gluthation dans le cerveau et y diminuer sa teneur. Ils rendent ainsi le cerveau plus vulnérable aux attaques par les radicaux libres. D’autres mécanismes passent vraisemblablement par une excitotoxicité directe² et des dommages à l’ADN neuronal. Ces derniers peuvent d’ailleurs résulter aussi de l’agressivité des espèces oxydantes.

 

Mort neuronale

 

Le rôle des radicaux oxydants dans la maladie d’Alzheimer est reconnu3. Dans des modèles expérimentaux de cette affection chez le rat, les résultats donnent à croire que la consommation de jus de raisin, riche en antioxydants, pourrait jouer un rôle préventif, voire contribuer à l’amélioration de la mémoire. D’autres constats lient encore l’atteinte neuronale au stress oxydant. Ainsi, quand le taux de glutathion baisse, les cellules du cerveau meurent beaucoup plus rapidement qu’en temps normal. Les généticiens ont par ailleurs constaté que le gène de la glutathion S-transférase est capable de moduler l’âge de début de la maladie d’Alzheimer et de la maladie de Parkinson : il n’influence pas le fait d’être atteint mais le moment de l’atteinte4. On a de bonnes raisons de penser que le peptide bêta-amyloïde (Aß) qui s’accumule dans les plaques séniles qui caractérisent la maladie d'Alzheimer, induit la mort des oligodendrocytes (des cellules non neuronales du cerveau) via un mécanisme oxydatif5. Les précurseurs du glutathion (GSH), au contraire, semblent pouvoir empêcher la mort de ces cellules induite par les plaques amyloïdes.

L'abus d'alcool est connu lui aussi pour altérer la mémoire et d'autres fonctions de cerveau et pour augmenter la mort de neurones cérébraux. Le mécanisme putatif de cette destruction semble lié au stress oxydatif et « nitrosatif ». En tout cas, une étude menée chez le rat a montré que sous l’action d’un antioxydant synthétique appelé Ebselen, le phénomène de mort neuronale était contrecarré6.

 

Un rôle préventif

 

Toutes ces notions vont donc dans le même sens. Et s’il fallait encore se persuader du rôle du stress oxydant dans la dégénérescence et la mort neuronale et de la place potentielle des antioxydants dans leur prévention, il suffit d’évoquer le Sélénium. Cet élément est l’un des facteurs qui peuvent limiter le risque de déclin cognitif. Les sélénoprotéines occupent une place importante dans la lutte contre le stress oxydatif. Les données de l’étude EVA, revues par Berr et al., sont compatibles avec l’hypothèse selon laquelle un statut pauvre en Se pourrait constituer un facteur de risque de déclin cognitif, même si on tient compte des troubles vasculaires et des risques qu’ils entraînent eux-mêmes7.

 

Références

 

1. Nagakannan P, Shivasharan BD, Thippeswamy et al. Restoration of brain antioxidant status by hydroalcoholic extract of Mimusops elengi flowers in rats treated with monosodium glutamate. J Envrion Pathol Toxicol 2012 ; 31(3) : 213-21.

 

2. Fonnum F and Lock EA. The contributions of excitotoxicity, glutathione depletion and DNA repair in chemically induced injury to neurones: exemplified with toxic effects on

cerebellar granule cells. Journal of Neurochemistry 2004; 88: 513–531.

 

3. Siahmard Z, Alaei H, Reisi P et al. The effect of grape juice on Alzheimer’s disease in rats. Adv Biomed Res. 2012; 1: 63. doi : 10.4103/2277-9175.100188.

 

4. Li Y-J, Oliveira SA, Xu P et al. Glutathione S-transferase omega-1 modifies age-at-onset of Alzheimer disease and Parkinson disease. Hum Mol Gen 2003; 12(24): 3259–3267.

 

5. Lee J-T, Xu J, Lee, J-M et al. Amyloid-β peptide induces oligodendrocyte death by activating the neutral sphingomyelinase–ceramide pathway. J Cell Biol 2004; 164(1): 123-31.

 

6. Herrera DG, Yagu AG, Johnsen-Soriano S et al. Selective impairment of hippocampal neurogenesis by chronic alcoholism: protective effects of an antioxidant. PNAS 2003; 100(13): 7919–7924.

 

7. Berr C, Arnaud J, Akbaraly TN. Selenium and cognitive impairment: a brief-review based on results from the EVA study.  Biofactors 2012; 38(2): 139-44.

 




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