Les régimes rivalisent d'imagination pour proposer LA nouvelle méthode innovante, rapide, efficace, indolore pour perdre du poids. Dissocier, exclure, sélectionner, caler, réguler les hormones, sont autant d'arguments de...vente. Mais aucun régime ne transgresse la loi universelle de la perte de poids : pour maigrir, il faut manger moins, donc ingérer moins de calories. Une panacée, démontrée encore une fois par une recherche de la Tufts University, à Boston, dans le cadre de deux régimes à charge glycémique variable.
Pour les matheux
Si l'index glycémique mesure la qualité du glucide ingéré, la charge glycémique tient aussi compte des teneurs en glucides de l'aliment. Pour la calculer, il faut multiplier l'index glycémique de l'aliment par sa teneur en glucides et diviser le résultat par 100. Une charge glycémique inférieure à 10 est considérée basse, entre 11 et 19, modérée, au-delà de 20, élevée. La charge glycémique permet de relativiser l'index glycémique parfois élevé de certains aliments au profil nutritionnel pourtant flatteur. C'est le cas notamment des carottes dont l'index glycémique se rapproche de celui des limonades. Mais étant donné qu'un verre de limonade renferme davantage de sucre que quelques cuillères à soupe de carottes, on retrouve au final une charge glucidique largement supérieure pour le cola que pour les carottes.
Les charges s'annulent
Il a été suggéré qu'un régime à faible charge glycémique favoriserait la perte de poids. En réalité, il semble improbable de départager une charge glycémique faible d'une charge glycémique élevée dans un programme d'amaigrissement. Cette conclusion est tirée d'un essai contrôlé randomisé d'une année de 34 adultes en excès de poids (BMI moyen de 27.6). Chaque volontaire a suivi un régime strict et contrôlé (les 6 premiers mois, la nourriture était entièrement fournie), dont l'apport énergétique était réduit de 30 % et la charge glycémique, faible ou élevée. Au terme de l'étude, le verdict est identique : la perte de poids est similaire dans les deux groupes (respectivement -7.8 et - 8 %). Aucune différence significative n'apparaît non plus en termes d'apport énergétique, de masse grasse ou de métabolisme de base, ainsi qu'en termes de faim, de satiété ou de satisfaction de l'appétit.
Pas de supe-régime!
Ces résultats vont dans le sens d'autres études de comparaison: il est difficile aujourd'hui de mettre en valeur une méthode plus qu'une autre. Les différences de perte de poids demeurent modestes, quels que soient les moyens pour y parvenir. En réalité, un seul facteur compte : l'apport calorique et, in fine, la taille des portions. Plus il est bas, plus la perte de poids sera spectaculaire, avec cependant un revers de la médaille : une reprise instantanée du poids perdu, si l'après-régime n'est pas bien contrôlé. Malgré tout, les auteurs de cette étude ne remettent pas totalement en cause les bienfaits pour la santé d'une alimentation à faible charge/index glycémique. De nombreuses recherches mettant montrent un l'impact favorable sur le contrôle glycémique chez les diabétiques de type 2 ou chez les personnes en surcharge pondérale. Mais en matière de perte de poids, le débat semble une nouvelle fois s'enliser...
Nicolas Rousseau
Diététicien Nutritionniste
Roberts SB et al. Am J Clin Nutr. 2007 Apr;85(4):1023-30