La glucosamine et le sulfate de chondroïtine ou chondroïtine sulfate sont couramment utilisés sous forme de compléments pour lutter contre l’arthrose et les douleurs ostéoarthritiques. Et il existe un certain nombre d’arguments scientifique sérieux qui donnent du crédit à ces deux composés. A l’inverse, d’autres données suggèrent que leur effet, tout au moins sur les douleurs ostéoarthritiques, est largement surestimé…
C’est pour tenter de faire la part des choses que l’Ecole de santé publique de l’Université d’Utah, à Salt Lake City (Etats-Unis) a mis sur pied une vaste étude multicentrique baptisée GAIT (pour Glucosamine/chondroitin Arthritis Intervention Trial). Ella a été conduite dans 16 centres universitaires de rhumatologie, pris 5 ans et coûté la bagatelle de 12,5 millions de dollars.
Cinq groupes
Près de 1600 patients souffrant de douleur ostéoarthritique au genou ont participé à cette étude, et ont été répartis dans cinq groupes : un groupe recevant un placebo, un autre recevant un placebo positif (du celecoxib, couramment prescrit en cas de douleur arthritique, à raison de 200 mg/jour), un groupe « glucosamine » (1500 mg/jour), un groupe « chondroïtine sulfate » (1200 mg/j) et enfin un groupe combinant glucosamine et chondroïtine sulfate.
Les auteurs ont tenu compte de l’intensité des douleurs ressenties par chaque participant. Parmi les 1883 patients, 78 % souffraient de douleurs légères, les 22 % restant souffraient de douleurs modérées à sévères. Pour évaluer les résultats des différents « traitements », les mesures consistaient à déceler une diminution de 20 % de la douleur au genou, entre le début de l’intervention et après 24 semaines.
Les résultats pour l’ensemble de l’échantillon montrent que la glucosamine et le chondroïtine sulfate ne sont pas significativement plus efficaces que le placebo pour réduire la douleur au genou : le taux de réponse était 60,1 % pour le placebo, et supérieur de 3,9 % pour la glucosamine (p = 0,30), de 5,3 % pour le chondroïtine sulfate (p = 0,17) et de 6,5 % pour la combinaison des deux (p = 0,09). Seul le celecoxib différait significativement du placebo, avec un taux de réponse de 70,1 % (p = 0,008).
Une question de douleur
En examinant séparément les groupes en fonction de l’intensité de la douleur, glucosamine et chondroïtine sulfate s’avèrent sans effet significatif chez ceux qui ont une douleur légère. Par contre, l’effet devient significatif pour la combinaison glucosamine + chondroïtine sulfate dans le groupe avec douleur moyenne à élevée (taux de réponde de 79,2 %), par rapport au placebo (taux de réponse de 54,3 %, p = 0,002). Les auteurs précisent toutefois que ces résultats chez les patients avec une douleur plus marquée doivent être interprétés avec prudence, étant donné que ce groupe ne représentait que 22 % de la population étudiée.
Pour Clegg, le principal investigateur de l’étude, la clé du succès dans la gestion de l’ostéoarthrite est de manger équilibré, de pratiquer de l’exercice de façon régulière, de perdre du poids si nécessaire et de considérer le recours aux médicaments en fonction du degré de la douleur.
Une deuxième partie de l’étude visera à déterminer si la glucosamine et le chondroïtine sulfate, seuls ou combinés, peuvent affecter la progression de l’ostéoarthrite du genou. Affaire à suivre…
Nicolas Guggenbühl
Référence:
Clegg DO et al. N Engl J Med 2006;354(8):858-60.