Rester jeune : les calories dépassées ?

10/05/2005
Article

Rester jeune, ou tout au moins le paraître le plus longtemps possible, est devenu pour beaucoup un objectif prioritaire. Soins cosmétiques qui font disparaître les rides, médecine « anti-âge » reposant sur l’hormonologie, régimes antivieillissement apportant de nombreux antioxydants, les approches se multiplient pour dynamiser le mythe de la jeunesse éternelle. Pourtant, s’il est aisé de mettre la main sur les causes qui grignotent notre capital santé, si les anti-oxydants restent une piste sérieuse dans la théorie du vieillissement, il y a bien peu d’acquis scientifiques en matière de longévité.

Restriction calorique

Jusqu'à présent, la seule caractéristique nutritionnelle pour laquelle les scientifiques s’accordent à reconnaître une influence sur l’espérance de vie dans plusieurs espèces est la restriction alimentaire, sans atteindre le stade de malnutrition. Voilà qui ne risque d’ailleurs pas déboucher rapidement sur un philtre de jouvence ! Les premiers travaux expériences montrant un effet de la restriction ont été menés chez le rat il y a 70 ans. Depuis, les expériences se sont multipliées, tant sur des espèces courantes de laboratoire (nématodes, mouche du vinaigre, souris) que sur des espèces moins couramment étudiées telles que des araignées et des poissons. Et l’on s’accorde à reconnaître que c’est l’apport calorique qui constitue le déterminant clé de l’espérance de vie, quelle que soit la composition en macronutriments de cette alimentation. Mais cette théorie semble aujourd’hui dépassée…

Parmi les travaux récents, certains ont suggéré que des modifications qualitatives de l’alimentation peuvent suffire à moduler l’espérance de vie. Ainsi, il semble que la seule réduction d’un acide aminé (la méthionine) dans l’alimentation augmente l’espérance de vie chez le rat et chez la souris. Une nouvelle étude, effectuée sur la mouche du vinaigre, confirme que l’apport calorique n’est pas le seul déterminant de la longévité.

Sucre et levure

Une équipe du Centre for Research on Ageing, University College London (Royaume-Uni) s’est penchée sur l’alimentation de la mouche du vinaigre (Drosophilia melanoblaster). Elle a d’abord procédé à une restriction énergétique, en diluant sa nourriture, pour déterminer la concentration optimale associée à la longévité la plus grande. Ensuite, les chercheurs ont varié la proposition de sucre (glucide) et de levure (source de protéines et de lipides) de l’alimentation, sans modification de la densité calorique.

Les résultats montrent que ce type de manipulation a une influence sur l’espérance de vie du diptère. La réduction d’un des deux composants (sucre ou levure) entraîne une augmentation de l’espérance de vie. L’effet est cependant particulièrement marqué lorsque c’est la levure qui est réduite, provoquant un allongement de l’espérance de vie de 60 %.

Ces données montrent donc bien qu’au-delà de l’aspect purement énergique, la composition de l’alimentation joue un rôle déterminant sur l’espérance de vie. Le fait que l’effet soit plus marqué pour la diminution de la levure suggère que ce sont surtout les protéines et les lipides (généralement excédentaires dans notre alimentation occidentale) qui peuvent exercer une influence marquée.

Nicolas Guggenbühl

Références
Mair W et al. PloS Biol 3(7):e223 (www.plosbiology.org)




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