La voie des suppléments et produits de plantes est toute tracée : celle, si prisée, de la solution facile pour perdre du poids, qui est proposée directement au consommateur. Aux Etats-Unis, 81 % des personnes en excès de poids essaye de maigrir sans recourir aux professionnels de la santé. Les circuits de vente par Internet se développent, et les messages publicitaires sont assez habiles pour faire passer, en toute légalité, les messages voulus. Mais la confusion règne, y compris parmi les professionnels de la santé.
Quelle est l'assise scientifique de ces suppléments ? C'est précisément pour y voir plus clair que des pharmaciens du Creighton University Medical Center, à Ohama (Etats-Unis) ont procédé à une revue des données disponibles, en ne retenant que les études répondant à des critères scientifiques suffisamment rigoureux. Voici un aperçu des résultats :
Le CLA (acides linoléiques conjugués) semble prometteur, en association avec une alimentation adéquate et suffisamment d'exercice. Sa sécurité à court terme (moins de 12 mois) semble établie, mais il faudrait l'évaluer sur une plus longue période. Les études publiées rapportent une légère diminution de la masse grasse, du pourcentage de graisses corporelles, mais pas du poids ni du BMI.
L'Ephedra et son principal alcaloïde, l'éphédrine, aux vertus stimulantes, ont un effet sur le poids. Cependant, ils posent de sérieux problèmes pour la santé. Les auteurs déconseillent fortement le recours à ces produits, qu'ils soient ou non associés à de la caféine.
Pour le chrome, de nombreuses études ont été menées, mais les résultats sont contradictoires. De plus, bon nombre d'entre elles ont été mal dessinées. Plusieurs études récentes ont réfuté les résultats encourageants rapportés précédemment. Bref, le chrome perd de son éclat.
Garcinia, la décoction de l'écorce du fruit Garcina cambodgia , est utilisée comme condiment dans la cuisine thaïe et indienne. Son effet amaigrissant reposerait sur ses propriétés inhibitrices de la conversion du citrate en coenzyme A (ce qui concerne plus une limitation au stockage des graisses, qu'un effet dégraissant). Une seule étude a été publiée avec ce supplément seul, et elle ne montre pas le moindre effet sur le poids. Les auteurs concluent que pour l'instant, son utilisation n'est pas conseillée.
Le chitosan, un mucopolysaccharide issu de la carapace de crabes, homards, crevettes et autre exosquelette d'organismes marine, est censé agir comme un « fat-blocker » : il bloquerait l'assimilation des graisses dans le tube digestif. Ici encore, les auteurs concluent qu'en raison des données limitées et contradictoires, tant sur l'efficacité que la sécurité, il ne peut pas faire l'objet d'une recommandation.
Le pyruvate, forme tampon de l'acide pyruvique, est produit dans le corps par le métabolisme des glucides et des protéines. En théorie, il augmenterait l'oxydation de lipides et diminuerait celle des glucides. Sur base des études disponibles, souvent avec un petit échantillon et une durée limitée, il semble effectivement favoriser la perte de poids. Les auteurs estiment qu'il peut être utilité à court terme, en association avec un régime hypocalorique et/ou de l'exercice. Il est cependant déconseillé chez les patients présentant une cardiomyopathie.
En résumé, à part pour le CLA et le pyruvate, qui semblent prometteurs, même s'ils sont encore loin d'avoir apporté la preuve de leur intérêt et nécessitent des études plus large et mieux contrôlées, tous les autres suppléments parmi la cinquantaine identifiée dégraissent surtout… le portefeuille !
Nicolas Guggenbühl