On le sait depuis longtemps, l’excès de consommation de sel est un facteur de risque d’hypertension artérielle. Et cette hypertension est, elle-même, un facteur de risque de mauvais fonctionnement rénal. Or le diabète est lui aussi un facteur de risque de détérioration du rein. Bref, il est logique de penser que l’association des deux – consommation excessive de sel et diabète – soit loin d’être idéale pour le rein. Et pour couronner le tout, il faut savoir que si le rein ne remplit pas bien son rôle, le risque de décès par maladie cardiovasculaire est augmenté.
Dans les urines
Il y en avait assez dans tout cela pour essayer d’y voir clair et confirmer ou infirmer les conséquences d’une trop grande consommation de sel par les diabétiques. C’est ce qu’un groupe de chercheurs néerlandais a fait, en prenant comme critère d’atteinte rénale la présence de traces de protéines dans les urines, ce qu’on appelle une micro-albuminurie. Et pour estimer la consommation de sel, ils ont tout simplement mesuré la quantité de sodium dans les urines de 24h des 1.212 patients diabétiques enrôlés dans leur étude. C’est une méthode courante et validée. Ils ont aussi mesuré la quantité de potassium. Ils ont également tenu compte du sexe des personnes examinées, de leur corpulence, de leurs habitudes tabagiques, de leur activité physique, de leur consommation d’alcool, de protéines, d’énergie totale, de graisses saturées et de fibres alimentaires. Tous ces facteurs, en effet, peuvent avoir une influence sur les résultats.
Attention à la corpulence
En tenant compte de tout cela, les chercheurs ont abouti à la conclusion que la consommation excessive était associée à la présence dans les urines de petites quantités de protéines, suffisamment abondantes pour considérer qu’il y a une micro-albuminurie et donc un tout début d’atteinte rénale. Mais les autres complications du diabète, comme l’atteinte de la rétine par exemple, ne semblent pas associées à la consommation de sel. Enfin, en retirant de leur cohorte les personnes qui avaient déjà des problèmes cardiaques lors de leur entrée dans l’étude, les chercheurs néerlandais n’ont plus trouvé qu’une faible association entre consommation excessive de sel et risque d’atteinte rénale. Par contre, l’association était plus nette chez les personnes de forte corpulence que chez les autres.
Référence
Engelen L et al. Higher dietary salt intake is associated with microalbuminuria, but not with retinopathy in individuals with type 1 diabetes : the EURODIAB prospective complication study. Diabetologia 2014; 57: 2315-23.