Les crucifères, qui comprennent notamment tous les choux, se sont forgé une très bonne réputation dans le domaine d'une alimentation saine et de la réduction du risque de certains cancers (colorectal, prostate, vessie...). Cet effet est attribué à un composé propre à cette famille d'aliments, le sulforaphane, qui fait partie des isothiocyanates. Le sulforaphane se forme sous l'action d'une enzyme, la myrosinase, lorsque l'on coupe, croque ou mâche le chou. On sait que le sulforaphane active certaines enzymes de détoxication (enzymes de phase 2), qui aident l'organisme à se débarrasser de certains composés cancérigènes en les neutralisant ou en les rendant plus solubles. Ces enzymes sont notamment induites par la voie du Nrf2.
Des chercheurs de l'Université de Californie de Los Angeles (Etats-Unis) ont exploré les effets du sulforaphane sur la voie Nrf2 (NF-E2-related factor 2), qui induit les enzymes de phase 2 mais aussi de nombreuses enzymes antioxydantes impliquées notamment dans les défenses immunitaires. Pour Andre Nel, le chercheur principal de cette nouvelle publication, les défenses vis-à-vis des dommages provoqués par stress oxydatif peuvent déterminer le taux de vieillissement ainsi que certaines de ses manifestations.
Jeunesse retrouvée
Les travaux menés sur des souris montrent que le vieillissement s'accompagne d'une réduction de l'hypersensibilité de contact (qui témoigne de l'activité immunitaire) et que cette diminution est accentuée par une déficience de la voie Nrf2. Le traitement des animaux avec du sulforaphane pendant 5 jours est capable d'inverser cette diminution en activant les enzymes antioxydantes dépendantes de la voie Nrf2. Par ailleurs, lorsque des cellules immunitaires d'animaux âgés sont prélevées, traitées avec du sulforaphane puis réinjectées, les animaux retrouvent une réponse immunitaire comparable à celle des souris plus jeunes. Pour Nel, ces résultats ouvrent une nouvelle manière d'envisager l'amélioration de la fonction immunitaire chez la personne âgée, et le mécanisme découvert pourrait également servir à renforcer la réponse à un vaccin.
Nous n'en sommes toutefois pas encore là, mais voilà encore une bonne raison pour mettre les choux régulièrement à l'honneur sur les tables.
Nicolas Guggenbühl, Diététicien Nutritionniste
Référence:
Kim HJ et al. J Allergy Clin Immunol mars 2008.