Plusieurs études ont déjà rapporté que les personnes adeptes des céréales complètes avaient tendance à afficher une corpulence plus faible. Mais ce type d'observations, si elle peut mettre la puce à l'oreille, ne prouve en rien qu'il existe une relation de cause à effet. D'où l'intérêt de cette étude clinique réalisée par des chercheurs d'Université d'Etat de Pennsylvanie, menée auprès de personnes obèses atteintes d'un syndrome métabolique (c'est-à-dire qui présentent plusieurs facteurs de risque cardiovasculaire associés, notamment une obésité abdominale).
Cinquante personnes ont ainsi été réparties de manière aléatoire dans 2 groupes, dans le but de leur faire suivre un régime avec la même réduction calorique (- 500 kcal par jour). La seule différence résidait dans le fait que dans un groupe, on demandait aux personnes d'éviter tout aliment à base de céréales complètes, alors que dans l'autre groupe, les céréales devaient être choisies en version complète. Pour le reste, tous les conseils portant sur l'alimentation et sur la majoration de l'activité physique étaient rigoureusement identiques dans les deux groupes.
Le complet plus efficace
Au terme de l'expérience, qui a duré 12 semaines, les chercheurs observent une perte de poids ainsi qu'une amélioration des lipides sanguins (diminution du taux de cholestérol) comparable dans les deux groupes. Par contre, le groupe « céréales complètes » a perdu plus de graisse au niveau de l'abdomen, la région où l'accumulation de graisses est particulièrement nocive. De plus, la protéine C-réactive (CRP), un marqueur de l'inflammation qui s'est vu associé à un risque accru de diabète, d'hypertension et de maladies cardio-vasculaires, n'évolue pas du tout de la même façon dans les deux groupes : malgré la perte de poids - qui entraîne généralement une diminution du taux de protéine C-réactive - il n'y a aucune modification de ce paramètre dans le groupe « céréales raffinées ». Dans le groupe « céréales complètes », la protéine C-réactive affiche une diminution de 38 %, un ordre de grandeur comparable à ce qui est observé avec certains médicaments (statines).
Troquer les produits céréaliers raffinés contre leurs homologues complets (pain complet, flocons d'avoine, riz et pâtes complètes, quinoa, céréales pour petit déjeuner complètes...) paraît donc de plus en plus justifié. Certains produits peuvent être partiellement complets : l'important, c'est qu'au moins 51 % des céréales contenues soient en version complète.
Nicolas Guggenbühl, Diététicien Nutritionniste
Référence:
Katcher HI et al. Am J Clin Nutr 2008;87:79-90.