Plus précoce mais pas pour de bonnes raisons

20/02/2008
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On entend souvent dire que l'adolescence commence plus tôt et finit plus tard qu'il y a quelques décennies. Pour ce qui est de sa fin, ce sont les psychiatres et psychologues qui le disent, parce qu'ils considèrent que l'adolescence se définit comme une période de dépendance. Et il faut bien reconnaître qu'avec l'allongement des études et surtout avec l'évolution socio-économique qui pousse nos jeunes à rester plus longtemps chez leurs parents, cette période de dépendance s'allonge. C'en est au point que pour certains spécialistes, il faudrait reculer jusqu'à 25 ans l'âge où l'on peut considérer que l'adolescence est terminée.

Les filles, pas les garçons

Pour ce qui est du début de l'adolescence, c'est la puberté qui est prise en considération. L'âge de son déclenchement est-il en train d'évoluer ? C'est la question que s'est posée toute une série d'experts. Ils l'ont fait pour les Etats-Unis mais leurs conclusions sont vraisemblablement applicables à nos populations de pays hautement industrialisés. Un des intérêts de cette question est que l'âge de début de la puberté est généralement considéré comme un indicateur d'une nutrition et d'une croissance adéquates. Mais la réponse n'est pas univoque et si changement il y a, peut-on être sûr que seule la nutrition est en jeu ?

Toujours-est-il que si on compare les données disponibles à propos depuis le milieu du XXe siècle (depuis 1940) jusqu'à 1994, une tendance séculaire semble se dessiner dans le sens d'un abaissement de l'âge du ménarche (premières menstruations) et du développement mammaire. Cela concerne donc les jeunes filles. Mais pour les garçons, c'est moins évident. Les experts considèrent que les données sont insuffisantes pour tirer une conclusion à ce propos. Il est vrai que l'on s'intéresse en général moins à ce phénomène chez le garçon, sauf lorsque son développement pubertaire est manifestement en retard.

La mauvaise cause

Reste à savoir quels peuvent être les facteurs en cause dans cette évolution. C'est ici que les choses se corsent car si la nutrition peut être en cause, on est passé sur le mauvais versant des choses. En effet, non seulement l'augmentation de l'adiposité corporelle augmente-t-elle l'exposition aux oestrogènes (le tissu adipeux en fabrique) mais encore est-elle responsable de tous les maux qui sont liés au syndrome métabolique. A côté de cela, l'âge de la puberté est en train de perdre son intérêt épidémiologique en tant que marqueur d'une bonne nutrition. En effet, d'autres facteurs d'environnement interviennent maintenant. Ce sont les disrupteurs endocriniens, ces constituants chimiques de l'environnement qui perturbent les réponses aux hormones dans les organismes vivants. Ceux qui sont ici sur la sellette sont les oestrogéno-mimétiques et les substances à effets anti-androgènes. Il faudra étudier cela de plus près, concluent les experts.

Dr Jean Andris


Référence:
Euling SY et al. Pediatrics 2008; 121 Suppl 3: S167-71.




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