On accuse depuis longtemps le surpoids et l'obésité de participer au développement des maladies cardiovasculaires. Mais on en sait un peu moins sur le lien entre le poids et d'autres causes de décès, ainsi que sur l'impact de l'insuffisance pondérale. La plupart du temps, le poids corporel est représenté par le Body Mass Index, qui se calcule en divisant le poids exprimé en kilos par la taille exprimée en mètres et élevée au carré. Des chercheurs américains se sont penchés sur les données récoltées dans le cadre des études nationales de santé et de nutrition ayant débuté dans les années '70, histoire d'en savoir un peu plus à ce sujet.
Pas le même risque
Le sous-poids (BMI inférieur à 18,5) n'était pas lié aux décès par maladies cardiovasculaires ou par cancer, mais bien à l'ensemble des décès d'une autre origine. Les personnes en surpoids (BMI de 25 à 30) ne décédaient pas plus que la moyenne d'un cancer ou de maladies cardiovasculaires, et affichaient une mortalité plus faible en ce qui concernait les autres causes de décès. Quant à l'obésité (BMI>30), elle était associée à une augmentation significative de la mortalité cardiovasculaire, mais pas aux décès par cancer ni à l'ensemble des décès d'origine autre que le cancer ou les maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, des analyses plus fines ont révélé que le surpoids et l'obésité étaient plus étroitement associés à une mortalité des suites d'un diabète ou d'une maladie rénale, et que l'obésité à elle seule était plus liée à des décès pour les cancers liés à la nutrition. Enfin, les résultats de l'étude soulignent que l'association entre l'obésité et la mortalité cardiovasculaire semble diminuer au cours du temps.
Ni trop ni trop peu
Actuellement, de nombreuses personnes bénéficient d'une prise en charge médicale pour prévenir les maladies cardiovasculaires. Ceci pourrait expliquer pourquoi un excès de poids ne s'avère plus lié à une mortalité cardiovasculaire accrue. Cependant, on voit bien l'effet néfaste de l'obésité sur les maladies cardiovasculaires et sur certains cancers, pour lesquels il est encore difficile d'établir une démarche médicale de prévention. Par ailleurs, cette étude met aussi en lumière un point encore trop souvent négligé par nos instances de santé: l'insuffisance pondérale. Pas étonnant que le sous-poids pose des problèmes au niveau de la santé publique, quand on sait qu'il est fortement lié à la dénutrition dans la population fragile des personnes âgées. Manger trop peu entraîne certes une perte de poids, mais également des déficits en nutriment et micronutriments essentiels, et les résultats de cette étude confirment que l'impact sur la mortalité est loin d'être anodin. En conclusion, le principe du « ni trop, ni trop peu » est plus que jamais de rigueur!
Magali Jacobs,Diététicienne
Références:
Flegal KM et al. JAMA 2007; 298: 2028-37.