L'activité physique, qui représente le principal levier pour agir sur la dépense énergétique, est devenue un ingrédient incontournable dans la quête d'un bilan énergétique équilibré et donc d'un poids de forme. La lutte contre la sédentarité fait d'ailleurs - à juste titre - de plus en plus partie du discours nutritionnel, et a fait son apparition dans plusieurs stratégies nationales axées sur la nutrition et la santé. La télévision est une « inactivité » physique qui occupe parfois une place importante au cours de 24 heures. De nombreuses études ont déjà rapporté une association entre le temps passé devant le petit écran et l'indice de masse corporelle (BMI). Le lien entre la télé et l'obésité n'est cependant pas aussi limpide, et certains contre arguments existent : le fait que l'obésité continue à progresser, alors que le temps passé devant la télé n'augment plus, que l'obésité augmente au cours de l'adolescence, une période où le temps d'image diminue ou encore le fait que les garçons regardent plus la télévision que les filles, alors qu'ils présentent moins d'obésité et ont une activité physique plus importante. Quoi qu'il en soit, le fait de regarder la télévision est une « activité » des plus sédentaires, qui, de surcroît, laisse les deux mains libres pour manger et... aggraver ainsi le bilan calorique.
Risque doublé
Une nouvelle étude menée par des chercheurs des Universités de San Diego et de South Alabama, à San Diego, relance le débat en montrant que chez les enfants obèses, le temps passé devant la télévision a d'autres effets délétères. Leurs données reposent sur 546 sujets âgés de 4 à 17 ans diagnostiqués comme obèses. Les enfants et leurs parents se sont vus remettre un questionnaire visant à évaluer le temps moyen consacré au poste de télévision. Ces données ont ensuite été peaufinées en vis-à-vis avec un médecin.
Les résultats montrent d'abord que le temps consacré à la télé est associé à la sévérité de l'obésité. Mais ce qui est plus surprenant, c'est qu'après avoir corrigé pour la race, le site et la corpulence (BMI), les auteurs constatent que tant la sévérité de l'obésité que le temps passé devant le petit écran prédisent de manière indépendante la présence d'une hypertension. Les enfants regardant 2 à 4 heures de télé par jour voient leur risque de présenter une hypertension multiplié par 2,5, par rapport aux enfants regardant moins de 2 heures de télé par jour.
Bien que les auteurs restent prudents quant à la portée de leur étude, ces résultats ne font que conforter la pertinence d'une recommandation visant à limiter le temps passé devant le petit écran, recommandation qui, aux Etat-Unis, ne serait donnée que par un pédiatre sur deux.
Nicolas Guggenbühl, Diététicien Nutritionniste
Références:
Pardie PE et al. A paraître dans le American Journal of Preventive Medicine en décembre 2007.