Les additifs n'ont pas bonne presse. Pourtant, ils font l'objet d'une réglementation qui définit précisément leurs conditions d'utilisation, afin de protéger la santé des consommateurs. Ce cadre légal constitue un garde-fou majeur, mais il n'est pas en mesure de supprimer tous les risques. Parmi ces risques, la piste de l'hyperactivité chez l'enfant a déjà été avancée depuis une trentaine d'années, laissant cependant sceptiques bon nombre de scientifiques. Mais cette fois, de nouveaux arguments apportent beaucoup plus de consistance à cette hypothèse encore souvent considérée comme farfelue.
C'est une équipe de l'Université de Southampton, qui n'en est pas à la première expérience dans ce domaine, qui a mené cette étude après de bambins de 3 ans, ainsi que d'enfants de 8/9 ans. L'étude à été financée en partie par la Food Standards Agency. Dans chaque groupe, les enfants ont reçu une boisson qui contenait soit un cocktail A ou B de colorants et additifs (dont du benzoate de sodium), soit le même jus sans additifs pour le contrôle. Les deux mélanges (A et B) différaient en partie par le dosage et en partie par la nature des additifs donnés : le mélange A avait déjà été utilisé dans une étude précédente, le B a été conçu pour correspondre à la consommation moyenne d'additifs dans la population britannique (en tenant compte de l'âge). Les boissons avaient toutes la même couleur et le même goût, personne ne sachant dans quel groupe les enfants se trouvaient (étude dite en double aveugle). La période d'intervention a duré 6 semaines
Observateur en classe
Pour déceler l'hyperactivité, qui se caractérise par une augmentation des mouvements, de l'impulsivité et de l'inattention, les chercheurs ont utilisé une combinaison d'observations comportementales effectuées par les parents, mais aussi par les enseignants, ainsi que par un observateur présent dans la classe. Les enfants ont également été soumis à un test d'attention.
Les résultats, publiés dans le très sérieux the Lancet, montrent clairement que dans les deux catégories d'âge, le mélange A est associé à des effets délétères significatifs en terme d'hyperactivité. Le même constat est observé pour le mélange B, mais uniquement chez les 8/9 ans, les résultats n'étant pas significatifs chez les plus petits. L'influence des additifs sur l'hyperactivité reste significative lorsque les auteurs tiennent compte de certains facteurs pouvant avoir une influence, comme le statut social ou démographique. La réduction de la consommation de colorants artificiels (qui n'ont pas de réelle utilisé) et du benzoate de sodium (qui a une fonction de conservateur) pourrait donc bel et bien constituer une mesure susceptible de réduire le risque d'hyperactivité
Nicolas Guggenbühl, Diététicien Nutritionniste
Références:
McCann D et al. Lancet, publié en ligne le 6 septembre 2007.