Fruit exotique chargé de pépins, la grenade est aussi très riche en antioxydants. Elle est peu consommée sous nos latitudes. Et que l'on ne s'y méprenne pas, le sirop de grenadine porte mal son nom : jadis élaboré avec du jus de grenade, il est aujourd'hui fabriqué à partir de jus de fruits rouges, mais sans grenade ! Le fruit du grenadier révèle de nouveaux arguments qui pourraient lui ouvrir la voie de la prévention nutritionnelle.
Les antioxydants de la grenade retiennent l'attention des chercheurs depuis quelques années déjà. Un intérêt justifié, au vu des résultats des dernières recherches menées par une équipe de l'Université de Californie à Los Angeles. Dans un premier temps, ils ont étudié le devenir de certains antioxydants appelés éllagitannins, qui appartiennent à la grande famille des polyphénols, chez des souris mâles. Lors de la digestion, ces éllagitannins sont hydrolysés et libèrent de l'acide éllagique, qui va ensuite être transformé par la flore intestinale en urolithines. Les analyses des tissus, effectuées 24 h après l'ingestion, d'extrait de grenade à teneur standardisée en ellagitannins, montrent que ces métabolites se concentrent préférentiellement dans l'intestin, le côlon et la prostate.
Une nouvelle tomate
Dans une autre expérience, les scientifiques ont évalué l'administration de l'extrait de grenade dans un modèle de cancer de la prostate chez des souris immunodéficientes. Ces travaux indiquent que l'extrait de grenade inhibe la croissance des cellules cancéreuses. Cet effet inhibiteur peut être reproduit en laboratoire lorsque les éllagotannins et plusieurs urolithines qui en découlent sont évalués sur des cultures de cellules cancéreuses de la prostate.
Voilà qui apporte certainement une lueur d'espoir dans la recherche pour une prévention nutritionnelle du cancer de la prostate, dont on diagnostique annuelle plus de 500 000 nouveaux cas dans le monde. Mais il serait prématuré d'en déduire qu'il suffit de boire du jus de grenade pour prévenir le cancer de la prostate, il faudra encore vérifier cette hypothèse dans des études humaines. Et rappelons-nous le cas de la tomate et de son lycopène, un autre antioxydant supposé réduire le risque de cancer de la prostate, mais qui n'a pas été en mesure de confirmer cet effet lors des travaux les plus récents...
Nicolas Guggenbühl, Diététicien Nutritionniste
Références:
Seeram NP et al. J Agric Food Chem 28 août 2007 [Epub ehead of print].