Soja et prostate: du bon et du moins bon

21/03/2007
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En Asie, la prévalence du cancer de la prostate, tout comme celui du sein, est nettement plus basse qu'en Europe ou aux Etats-Unis. Cette caractéristique pourrait être liée à la consommation importante de soja. La piste du soja et de ses isoflavones fait l'objet de nombreux travaux, mais des données parfois contradictoires ont été enregistrées. D'où l'importance de cette nouvelle étude, la plus grande dans son genre, examinant la relation entre la richesse en soja de l'alimentation des Japonais et le développement du cancer de la prostate.

Soupe au miso

Les Japonais consomment beaucoup plus de soja que les Européens, essentiellement au travers d'aliments tels que la soupe au miso (pâte de soja fermenté), le natto (aussi à base de soja fermenté) et le tofu (caillé de « lait » de soja). Ces trois denrées fournissent près de 90 % de l'apport en isoflavones daidzéine et génistéine de la population japonaise. Cette nouvelle étude, portant sur pas moins de 43509 hommes âgés de 40 à 69 ans, a assuré un suivi pendant près de 10 ans. Les résultats montrent globalement que l'apport en génistéine, daidzéine, soupe au miso et aliments au soja n'a pas de lien avec le diagnostic de l'ensemble des cancers de la prostate. Mais ceci cache certaines relations qui émergent lorsque les auteurs prennent en compte le degré d'avancement du cancer de la prostate. Ainsi, le risque de développer un cancer localisé de la prostate est réduit de 50 % chez ceux qui ingèrent le plus d'isoflavones, par rapport à ceux qui en ingèrent le moins.

Effet contraire

Cet effet protecteur est le plus marqué chez les hommes de plus de 60 ans. Par contre, les auteurs calculent aussi que le risque de développer un cancer de la prostate à un stade avancé est deux fois plus élevé chez les hommes qui consomment deux bols ou plus de soupe au miso par jour, par rapport à ceux qui en consomment moins d'un bol par jour...Les auteurs avancent plusieurs hypothèses susceptibles d'expliquer ces résultats perturbant (effet protecteur uniquement sur les formes localisées de cancer de la prostate, et pas sur celles plus avancées), mais sans apporter de réponse. Ils estiment qu'il faudra d'autres travaux pour mieux comprendre ces résultats, et, en attendant, conseillent aux Japonais de continuer à consommer leurs isoflavones sous forme d'aliments, plutôt que de suppléments.

 

Nicolas Guggenbühl, diététicien nutritionniste.


Références :
Cancer Epidemiology, Biomarker & Prevention mars 2007.




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