Les boissons ne sont pas reconnues pour leur richesse en fibres. Et pour cause ! Ces nutriments sont pour la majorité d'entre eux des constituants des parois végétales. Si certaines sont solubles, peu d'entre elles sont réellement extraites au cours des procédés mécaniques, tels que le pressage des fruits pour l'obtention d'un jus de fruits ou du vin. Les techniques de filtration enlèvent également une bonne partie de la fraction résiduelle en fibres. Du moins, c'est ce que l'on pensait avant la découverte de chercheurs madrilènes.
Filtre, espresso et instantané
La plupart des tables de composition nutritionnelle à travers le monde révèlent l'absence de fibres dans le café. Et pourtant, les grains de café sont riches en fibres et c'est donc ce qui a abouti à cette analyse chimique poussée des fibres du café. Verdict : la boisson comporte entre 0.47 g et 0,75 g de fibres solubles par 100 ml selon la variété, soit près de 1 g de fibres solubles par tasse de 150 ml. A titre de comparaison, à volume égal, c'est plus de 20 fois la teneur en fibres du jus d'orange, de la bière ou du vin, les rares boissons à contenir un tant soit peu de fibres ! De manière étonnante, c'est le café instantané en poudre (0.75 g/100 ml) qui en contient le plus, devant l'espresso italien (0.65 g/100 ml) et le classique des classiques, le café filtre (0.47 g/100 ml).
Fibres et polyphénols
Certes, on est loin des teneurs en fibres solubles des fruits et légumes, mais la contribution du café peut néanmoins être conséquente. Pour les chercheurs espagnols, l'équivalent de 3 tasses de café espresso par jour fournirait déjà près de 10 % des apports journaliers en fibres solubles de la population... Par ailleurs, l'activité antioxydante du café serait dépendante de sa teneur en fibres. En effet, celles-ci piègent les polyphénols du café (30 à 51 % de la concentration totale en polyphénols est associée aux fibres solubles) et empêchent leur assimilation dans l'intestin grêle. Fibres et polyphénols migrent alors ensemble vers le côlon où ils sont fermentés de concert par les bactéries de la flore intestinale pour être à nouveau réutilisés par l'organisme. Rien ne se perd, tout se transforme, mais avec quel devenir ? La science du café doit encore répondre à cette question.
Nicolas Rousseau, diététicien nutritionniste.
Références :
Diaz Rubio ME et al. J Agric Food Chem 2007;55(5):1999-2003