Le fer entre notamment dans la composition de l'hémoglobine et de la myoglobine, qui permettent le transport de l'oxygène dans le sang et les muscles, respectivement. En cas de carence en fer, on assiste à une altération des performances physiques et mentales. Or, la déficience en fer est loin d'être rare dans nos pays, en particulier chez les femmes.
Il y a fer et fer
Pour que le statut en fer du corps soit adéquat, il faut que le fer ingéré soit correctement absorbé. C'est là que les choses se corsent... Il existe deux sortes de fer. Le fer héminique, présent dans les viandes, volailles et poissons, est le mieux absorbé. Le fer non héminique, que l'on trouve dans les végétaux, est par contre assez mal absorbé (5%). De plus, différents facteurs peuvent influencer son absorption: les protéines animales et les acides organiques (dont la vitamine C par exemple) l'augmentent, tandis que les polyphénols, phytates, oxalates et tannins, la diminuent. Le thé, connu pour sa richesse en polyphénols et en tannins, constitue un exemple type d'inhibiteur de l'absorption du fer. Mais d'un autre côté, il possède d'indéniables vertus santé. Alors, le thé, conseillé ou non ?
Innocent thé?
Un questionnaire détaillé sur la consommation de thé a été obtenu auprès de 954 hommes (52-68 ans) et de 1639 femmes (42-68 ans) ayant participé à l'étude Su.Vi.Max. Une enquête alimentaire (3 jours) a également été réalisée afin de détecter les éventuels facteurs alimentaires pouvant influencer l'absorption du fer. Résultats: le statut en fer des participants n'était pas influencé par la consommation de thé, qu'il soit noir, vert ou qu'il s'agisse de tisanes. Le risque de carence en fer n'était pas non plus lié au temps d'infusion, au fait que le thé soit fort ou non, ni au moment de la prise. Voilà de quoi rassurer les amateurs de thé! On peut supposer que le fer non héminique de notre alimentation n'interviendrait que très peu dans notre statut en fer. Une diminution de son absorption ne porterait donc pas à conséquence. Toutefois, les participants à cette étude n'avaient pas de grands besoins en fer. Ces résultats ne permettent donc pas de statuer sur la question de l'influence du thé sur le statut en fer lorsque les besoins sont accrus et que les sources de fer héminique sont limitées. Celle-ci se pose surtout pour les adolescentes, qui ont des besoins accrus en fer à cause de la croissance, mais aussi des menstruations, surtout si elles apprécient le thé et boudent la viande...
Magali Jacobs, diététicienne.
Références :
Mennen L et al. Eur J Clin Nutr. 2007; Feb 7, advance online publication.