La liste des problèmes médicaux chroniques associés à l'obésité est longue et comporte notamment les maladies cardiovasculaires, le diabète et certains cancers, comme celui du sein et du colorectum. Par contre, pour ce qui est du cancer de la prostate, il n'y a pas de relation importante clairement établie. Une méta-analyse récente suggérait seulement une très faible association entre l'obésité et le risque de développer ce type de cancer. Par contre, les données issues de la clinique suggèrent que les hommes obèses ou ceux qui ont pris rapidement du poids depuis leurs 25 ont plus de risque d'échec au traitement ou de risque d'être diagnostiqués à un stade avancé de la maladie.
Une équipe conduite par Margaret Wright, de la Division of Cancer Epidemiology and Genetics du National Cancer Institute à Bethesda MD (Maryland, Etats-Unis) tente de faire la lumière sur ce sujet. Les chercheurs ont suivi pas moins de 287760 hommes âgés de 50 à 71 ans pour examiner l'impact séparé de l'indice de masse corporelle (BMI) et du changement de poids sur l'incidence, la sévérité et l'issue du cancer de la prostate.
Risque doublé
Les résultats, qui seront publiés prochainement dans CANCER, la revue de l'American Cancer Society, ne montrent aucune relation entre l'excès de poids ou l'obésité et le risque de développer un cancer de la prostate. Par contre, le risque de mortalité par ce type de cancer est fortement influencé par l'obésité et la prise de poids. Ainsi, pour un homme en excès de poids (BMI entre 25 et 30), le risque de mortalité augmente de 25 % ; pour un homme modérément obèse (BMI entre 30 et 35), le risque passe à 46 %, et pour un homme sévèrement obèse (BMI supérieur à 35), le risque est carrément multiplié par 2.
Contrairement à d'autres maladies dont le développement est clairement influencé par le poids, ce n'est donc pas le risque d'être touché par un cancer de la prostate, mais bien la gravité de ce cancer qui est défavorablement influencée par l'obésité. Ces données, qui suggèrent l'existence d'un lien entre l'excès de masse grasse et la progression du cancer de la prostate, soulignent une fois de plus l'intérêt du contrôle du poids corporel en tant qu'outil préventif.
Nicolas Guggenbühl
Diététicien nutritionniste
Référence Wright ME et al. Cancer, publié en ligne le 15 janvier 2007 (DOI :10.1002/cncr.22443)..