La cellule familiale est une entité importante en matière de comportement alimentaire, et l'on conçoit aisément qu'il y ait des interactions dans les influences qui façonnent les habitudes alimentaires des uns et des autres. Mais la plupart des études centrées sur la famille qui ont été réalisées jusqu'à présent se sont surtout attelées à étudier l'impact des habitudes alimentaires (et des habitudes en matière d'activité physique) des grands sur celles des enfants. Plus rares sont celles qui regardent le problème par l'autre bout de la lorgnette. C'est le cas d'une étude menée par des chercheurs attachés à l'Université d'Iowa, aux États-Unis, qui se sont basés sur les données du gouvernement fédéral national Health and Nutrition Examination Survey III.
Helena Laroche et des collègues de la University of Michigan Health System ont passé en revue les questionnaires de quelque 6600 adultes âgés de 17 à 65 ans, vivant avec ou sans enfants âgés de moins de 17 ans. Ces questionnaires avaient été remplis par des nutritionnistes entraînés, sur base de ce que les personnes interrogées déclaraient avoir ingéré au cours de 24 heures qui précédaient l'entrevue, et de la fréquence de consommation d'aliments riches en graisses.
5 grammes par jour
Les résultats indiquent que, par rapport aux adultes qui vivent sans enfant, ceux qui vivent avec des enfants ingèrent en moyenne près de 5 g de graisses en plus chaque jour, dont 1,7 g d'acides gras saturés. Les auteurs relèvent également que les adultes avec des enfants à la maison sont plus enclins à manger des denrées telles que du fromage, de la crème glacée, du boeuf, des pizzas et des snacks salés.
Bien entendu, cette étude ne permet pas d'établir un lien de cause à effet et d'affirmer que ce sont les enfants qui amènent leurs parents à adopter une alimentation moins équilibrée en terme de lipides et d'acides gras saturés. Pour Laroche, les choix alimentaires observés chez les adultes avec enfants pourraient trouver différentes explications : les impératifs de temps, la publicité destinée aux enfants qui touche également les parents, ou encore la perception des parents selon laquelle les enfants n'aiment que les hot-dogs ou les macaronis au fromage... Et lorsque ces aliments, achetés pour les enfants, se trouvent à la maison, les adultes semblent plus enclins à les consommer...
Nicolas Guggenbühl
Diététicien nutritionniste
Référence : Référence: Journal of the American Board of Family Medicine, janvier 2007.