L'aptitude des vaisseaux à se dilater est un des signes de santé vasculaire qui fait l'objet de bien des attentions. Elle s'exprime au travers de la vasodilatation dépendant de l'endothélium, évaluée généralement en mesurant le flux sanguin de l'avant-bras en réponse à une substance qui, comme l'acétylcholine, provoque précisément une vasodilatation. Plusieurs substances présentes dans les aliments, comme certains polyphénols, ont déjà montré une aptitude à favoriser cette dilatation dépendant de l'endothélium. C'est au tour de la caféine, qui a pourtant déjà fait l'objet de nombreuses investigations, de passer sur le banc d'essai.
C'est une équipe de Hiroshima, au Japon, qui a procédé à l'évaluation d'une ingestion de 300 mg de caféine (soit environ 4 tasses de café ou 8 tasses de thé) chez des volontaires sains. L'étude a été réalisée en double aveugle, 10 personnes ayant reçu la caféine, 10 autres un placebo. Les auteurs ont évalué l'aptitude des vaisseaux à se dilater selon deux mécanismes différents : l'un qui examine la réponse du flux sanguin de l'avant-bras à l'acétylcholine, et qui dépend de l'endothélium, l'autre basé sur la réponse à une substance qui provoque la dilatation de façon indépendante de l'endothélium.
Relaxation vasculaire
Les résultats montrent que la caféine entraîne une augmentation significative des pressions systoliques ( + 6 mm Hg) et diastoliques (+ 2,6 mm Hg). Mais à cet effet plutôt néfaste vient s'ajouter celui, positif cette fois, sur la fonction endothéliale : les chercheurs notent une augmentation significative de la vasodilatation dépendant de l'endothélium, et pas de celle qui ne dépend pas de l'endothélium. Des investigations plus poussées montrent que l'infusion dans l'artère d'un facteur qui inhibe la synthèse de l'oxyde nitrique (NO) abolit l'effet vasodilatateur. Ceci suggère que la caféine agit en favorisant la production de NO, facteur de relaxation des vaisseaux. A noter que le rythme cardiaque n'est pas modifié par l'administration des 300 mg de caféine. br>Précisons que le thé possède néanmoins une longueur d'avance par rapport à la caféine : il contient bel et bien de la caféine (sous forme de théine), mais aussi des flavonoïdes. Or, le thé provoque une vasodilatation dépendant de l'endothélium plus importante que l'administration d'eau apportant la même quantité de caféine, ce qui montre bien qu'il y a un effet supplémentaire lié à d'autres constituants du thé.
Nicolas Guggenbühl
Diététicien nutritionniste
Références : Umemura T et al. Am J Cardiol Décembre 2006.