Riches en fibres, en vitamines, en antioxydants, en eau, pauvres en sodium et riches en potassium… les légumes, de par leur composition, ont plus d’une corde à leur arc pour agir favorablement sur le risque cardiovasculaire, et cela par plusieurs mécanismes. Pourtant, s’il y a d’innombrables travaux qui rapportent que les grands consommateurs de légumes (et de fruits) sont moins touchés par les affections cardiovasculaires, l’explication de ce constat reste floue. Il y a probablement plusieurs mécanismes impliqués, et l’un d’entre eux vient d’être mis en lumière pour la première fois chez des animaux.
Cette étude menée à la Wake Forest University School of Medicine (Winston-Salem, Etats-Unis) portait sur un modèle de souris qui développe rapidement des lésions atheroscléreuses, qui se caractérisent par la formation de plaques de lipides dans la paroi interne des vaisseaux sanguins, ce qui conduit à une moins bonne circulation sanguine (et à une augmentation du risque d’accident cardiovasculaire). Les animaux ont reçu soit une alimentation dépourvue de légumes, soit 30 % de leur énergie sous forme d’un cocktail de légumes lyophilisés : brocolis, haricots verts, maïs, petits pois et carottes.
L’athérosclérose freinée
Après 16 semaines, les chercheurs ont évalué l’extension des lésions d’athérosclérose. Chez les animaux ayant reçu les légumes, les plaques se sont nettement moins développées que chez les animaux ne recevant pas de légumes, avec une différence de taille qui atteint 38 %. Les auteurs observent en outre, dans le groupe « légumes » une réduction de 37 % de certains marqueurs de l’inflammation. Un constat de circonstance, puisque l’on sait que les phénomènes inflammatoires jouent un rôle clé dans le développement de l’athérosclérose.
Autre constat, les animaux du groupe légumes affichent une légère amélioration du poids et du taux de cholestérol, mais les auteurs précisent que ces modifications sont modestes, et ne permettent pas d’expliquer les effets bénéfiques observés sur la progression de l’athérosclérose.
Ces données suggèrent donc que les légumes sont capables de freiner la progression de l’athérosclérose, ce qui pourrait être dû en partie à un effet anti-inflammatoire. Mais attention, si l’animal de laboratoire s’accommode d’une ration comportant 30 % de légumes lyophilisés, il n’en est pas de même pour l’homme, pour qui cela représenterait une mission impossible !
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
Référence:
Journal of Nutrition, juin 2006.