Le lait est un aliment pour le veau, pas pour l’homme! C’est en substance un des slogans que les adeptes du courant «anti-lait» se plaisent à scander, prétextant que le lait n’a pas sa place dans l’alimentation humaine. Il est vrai qu’environ quatre cinquièmes de l’humanité vivent sans produits laitiers. Mais en Europe notamment, la culture laitière est une longue tradition, et le lait, même s’il n’est pas toujours bien digéré, l’est nettement mieux que dans bien d’autres contrées. Avec pour preuve que la lactase, l’enzyme chargée de digérer le sucre du lait (le lactose) est très présente dans les populations européennes, surtout dans le nord.
Le caractère nourrissant du lait est reconnu depuis bien longtemps. Pourtant, de nombreuses raisons, justifiées ou non, amènent à supprimer le lait, y compris pendant la grossesse (en particulier par crainte des allergies). C’est d’ailleurs un conseil qui trouve un écho grandissant au sein du monde médical…
Dans une étude qui vient de paraître dans le Canadian Medical Association Journal (CMAJ), des chercheurs se sont intéressés à la consommation de lait pendant la grossesse au départ d’un échantillon de quelques 2000 femmes âgées de 19 à 45 ans. Les résultats montrent que les poids de naissance des enfants nés des femmes qui boivent moins de 250 ml de lait (soit un grand verre) par jour pendant la grossesse est significativement inférieur à celui des enfants nés de celles qui boivent plus de lait.
La vitamine D sort du lot
L’analyse des données montre que ce constat n’est pas tributaire de l’apport en protéines, en riboflavines (vitamine B2) ou en calcium, trois nutriments caractéristiques du lait. Par contre, c’est bien la vitamine D, un autre nutriment dont le lait (entier) constitue une source importante, qui sort du lot: chaque microgramme supplémentaire est associé à une augmentation du poids de naissance de 11 g.
Dans un commentaire consacré à cette étude, Hollis et Wagner (Medical University of South Carolina, Charleston), considèrent cette découverte comme très intrigante: pour eux, le rôle de la vitamine D ne se limite pas à la formation du squelette, mais il concerne aussi le développement neuronal, les fonctions immunitaires et, peut-être, la susceptibilité aux affections chroniques plus tard dans la vie. Une découverte qui soulève des questions sachant que la vitamine D se trouve dans la partie grasse du lait, celle qui est précisément perdue lors de l’allègement du lait en matière grasse…
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
Référence:
Mannion CA et al. et Hollis BW et Wagner CL ; CMAJ, 25 avril 2006 (en ligne)