Manger moins de gras ne fait pas grossir

04/01/2006
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Les régimes pauvres en graisses se voient souvent reprochés leur richesse en glucides, et certaines théories y voient là une explication des résultats souvent médiocres obtenus avec les régimes classiques. À tel point que certains n’hésitent pas à remettre en cause la pertinence des recommandations nutritionnelles habituelles, dans laquelle les glucides représentent la principale source d’énergie, sous prétexte que c’est une cause de prise de poids, donc d’obésité.

Le risque de prendre du poids est accentué chez la femme à partir de la ménopause. D’où l’intérêt d’étudier l’influence de l’alimentation dans une telle population. C’est précisément ce qui vient d’être fait par Barbara Howard (MedStar Research Institute, Washington D.C) et ses collègues, sur base des données de la Women’s Health Initiative Dietary Modification Trial. Plus de 48 000 femmes ménopausées ont été enrôlées dans cette étude, soit dans un groupe intervention (40 %) soit dans un groupe contrôle (60 %).

Dans le groupe «intervention», les participantes devaient réduire leur apport en graisses et augmenter celui en légumes, fruits et céréales complètes. Elles bénéficiaient de sessions en groupe et individuelles pour les aider à manger moins gras, mais il n’y avait aucun conseil portant sur la perte de poids ou la réduction de l’apport calorique. Dans le groupe «contrôle», les femmes maintenaient leur façon habituelle de manger.

Enrayer la prise de poids

Les auteurs ont analysé les données après un suivi moyen de 7,5 ans, un laps de temps plutôt long dans le domaine du suivi du poids corporel. Il en ressort que les personnes du groupe intervention ont perdu en moyenne 2,2 kg au cours de la première année, et ont maintenu une modeste perte de poids, par rapport à celles du groupe contrôle.

Ces données suggèrent donc qu’une telle façon de s’alimenter, pauvre en graisse, mais sans être un régime amaigrissant, s’avère efficace pour atténuer la prise de poids survenant souvent au cours de cette période.

Dans un éditorial consacré à cette étude, Michael Dansinger (Tufts-New England Medical Center) et Ernst Schaefer (Tufts University) précisent qu’en dépit du fait que cette étude ne consistait pas à faire perdre du poids, les résultats obtenus ne sont pas suffisants et il faut poursuivre les recherches. Pour eux, les efforts doivent être concentrés sur les méthodes qui facilitent des modifications durables du style de vie. Mais en attendant, les arguments qui «chargent» les régimes pauvres en graisses de causer la prise de poids subissent un revers.

Nicolas Guggenbühl
Diététicien nutritionniste

Ref : 

JAMA du 4 janvier 2006.




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