Les fritures, marqueur de la prise de poids

19/10/2005
News

Les habitudes alimentaires sont en pleine mutation, et une des caractéristiques majeures de nos sociétés modernes est l’abandon des repas familiaux à horaires réguliers, au profit des prises alimentaires moins structurées à l’extérieur (restaurants, snacks…). L’envolée des chiffes de l’obésité chez les jeunes est-elle à mettre en partie sur le compte de l’explosion des repas pris hors foyer? Telle est l’hypothèse de travail d’un groupe de chercheurs de l’Ecole de Santé Publique de Harvard, à Boston, dont des travaux antérieurs ont montré que les repas pris hors foyer par les adolescents comprennent souvent des mets frits tels que frites, beignets et autres «nuggets».

Dans cette nouvelle étude, dont les résultats sont publiés en octobre dans la revue Pediatrics, les chercheurs ont mené leurs investigations auprès de 14 355 filles et garçons âgés de 9 à 14 ans. Les données concernant la taille, le poids et les habitudes alimentaires ont été recueillies au cours de trois périodes consécutives d’un an.

Home, sweet home

Les résultats montrent que l’indice de masse corporelle (BMI) est d’autant plus élevé que la fréquence avec laquelle les jeunes mangent des fritures à l’extérieur est élevée. Les adolescents qui, au cours de ces trois années, ont augmenté leur fréquence de consommation d’aliments frits avalés hors foyer prennent significativement plus de poids que ceux qui préfèrent la table familiale. Et ce n’est pas tout: le profil nutritionnel des amateurs de fritures est nettement moins bon: il affiche plus de calories, d’acides gras saturés, d’acides gras trans, de viande rouge, de viandes préparées, de boissons sucrées et la charge glycémique est également plus importante. Les aliments jugés utiles, comme les produits laitiers maigres et les fruits et légumes sont, quant à eux, moins bien représentés chez les adeptes des fritures prises à l’extérieur. Autant de caractéristiques qui ne sont pas de bon augure pour l’avenir…

L’étude montre également une évolution alarmante des habitudes alimentaires inadéquates chez les ados. Ainsi, la proportion de jeunes de 13 à 14 ans qui prennent des fritures à l’extérieur à raison de 4 à 7 fois par semaine est passée de 7,5 % au début de l’étude, à 12,7 % après 3 ans.

S’il y a fort à croire que rien ne pourra enrayer l’augmentation de la restauration hors foyer, il devient urgent de travailler sur l’offre alimentaire pour développer des alternatives aux fritures qui soient saines sur le plan diététique, tout en étant attrayantes et financièrement accessibles.

Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste

Référence : 

Tavera E M et al. Pediatrics vol 116, n°4, octobre 2005.




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