Le développement fulgurant de l’obésité concerne de plus en plus d’enfants, qui sont donc à risque de devenir des adultes obèses. La probabilité de la persistance d’un excès pondéral à l’âge de 4 ans est d’environ 25 %, et elle atteint 80 % à la fin de l’adolescence. L’école représente un endroit de choix pour la prévention chez l’enfant, puisqu’elle s’adresse à tous (ou presque), qu’elle permet des contacts de façon continue et qu’il n’y a pas de coût supplémentaire pour les familles. Et tant qu’à essayer d’adopter un style de vie moins sédentaire et une alimentation plus équilibrée, autant commencer le plus tôt possible. C’est l’expérience menée par le Dr Marian Fitzgibbon (Université Northwestern et Université de l’Illinois à Chicago) et ses collègues, auprès d’enfants en âge préscolaire.
De l’école à la maison
Cette étude randomisée baptisée «Hip-Hop to Health Jr» a été réalisée avec le concours de 12 écoles de Chicago. Six d’entre elles ont bénéficié d’un programme d’intervention de 14 semaines visant à agir sur le contrôle pondéral, les six autres, qui faisaient office de contrôle, ont reçu des conseils concernant la santé en général, mais sans nutrition. Dans les écoles «intervention», chaque semaine était consacrée à un thème tel que la consommation de fruits et légumes, l’activité, la réduction du temps passé devant la télévision, etc. Des marionnettes représentant les catégories d’aliments servaient à illustrer les principes de la pyramide alimentaire. Les parents prenaient également part au projet, via l’envoi de courrier les invitant, par exemple, à recenser la consommation de fruits et légumes de la famille, à proposer des pistes pour majorer cette consommation, etc.
Augmentation de moitié
Les résultats montrent que dans les écoles ayant bénéficié de l’intervention sur le contrôle du poids, l’augmentation du BMI est significativement inférieure à celle des enfants contrôles: après 1 an, elle est de 0,06 kg/m², contre 0,59 kg/m² chez les contrôles. A deux ans, l’augmentation de la corpulence du groupe «poids» n’atteint que 50 % de celle observée dans le groupe contrôle (0,54 kg/m² versus 1,08 kg/m²). Aucune différence n’est observée entre les filles et les garçons, ni en fonction du poids de départ.
Cette étude montre donc que malgré les nombreuses barrières rencontrées pour lutter contre l’obésité, il existe des pistes qui méritent d’être creusées.
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
Référence:
Fitzgibbon ML et al. J Pediatr 2005;146:618-25.