L'obésité, si dangereuse pour le coeur?

04/05/2005
News

L’obésité est connue pour être associée à un plus grand risque de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2, d’hypertension, etc., responsables d’une grande partie de la mortalité. En Belgique, 30% des adultes présentent un surpoids important ou une obésité (BMI > 27), de quoi s’inquiéter pour le taux de mortalité cardiovasculaire des prochaines années. En effet, plusieurs données récentes montrent que le risque cardiovasculaire augment déjà en présence d’un léger excès pondéral. Mais selon une nouvelle étude américaine, les conséquences vitales du surpoids ou d’une obésité modérée ne seraient pas si importantes que ce que l’on craint.

Meilleurs soins de santé

Flegal et al. ont repris les données des trois National Health And Nutrition Examination Survey (NHANES), qui avaient relevé de manière standardisée le poids et la taille d’échantillons représentatifs de la population des Etats-Unis. Ils montrent que le risque de mortalité lié au poids corporel observé lors des NHANES II (1976-1980) et III (1988-1994) est plus bas que celui initialement observé pour la version I (1971-1975). Les auteurs attribuent cela à une meilleure prise en charge médicale de l’hypertension et de l’hyperlipémie associée à l’obésité. Si le surpoids est toujours aussi néfaste pour le cœur, son influence sur l’espérance de vie le serait moins grâce aux soins de santé.

Dangereuse maigreur

Dans cette étude, le surpoids n’entraîne pas d’augmentation du risque accru de mortalité, par rapport au poids dit «de santé» (BMI entre 18,5 et 25). Une obésité modérée (BMI entre 30 et 35) est associée à un risque légèrement plus important seulement pour les 25-59 ans. Un risque indiscutable de mortalité est lié à une obésité sévère (BMI ≥ 35), toutefois ce risque est moins important chez les seniors (≥70 ans). Mais le risque le plus élevé rapporté par l’étude se retrouve pour une corpulence… trop faible (BMI <18.5) chez les personnes de 60 à 69 ans.

Ces données suggèrent que les conséquences d’un excès pondéral sur la mortalité n’apparaissent qu’à partir d’un BMI de 30, c’est-à-dire l’obésité avérée. Chez les personnes âgées surtout, la maigreur est un signe de dénutrition, et s’accompagne d’un mauvais pronostic vital, alors qu’un excès pondéral modéré a moins de répercussions néfastes.

Les résultats sont toutefois à relativiser, car même s’ils plaident de manière cohérente contre la phobie actuelle du surpoids, ils ne doivent pas nous faire perdre de vue le coût du traitement des complications de l’obésité…

Magali Jacobs et Nicolas Guggenbühl,
Diététicien Nutritionniste

Référence:

Flegal et al., JAMA 2005;293:1861-1867.




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