Le soja joue double jeu

06/04/2005
News

Les phyto-oestrogènes sont des constituants végétaux dont les plus étudiés sont les isoflavones contenues en grande quantité dans le soja. Dans notre alimentation, on en retrouve dans les boissons et desserts à base de soja, le tofu et les préparations pour nourrissons à base de protéines de soja. Une autre famille de phyto-oestrogènes, les entérolignanes, sont fabriquées en petites quantités par le corps à partir des lignanes se trouvant entre autres dans les graines et les légumineuses. Tous les phyto-oestrogènes sont structurellement proches de l'oestradiol, une hormone sexuelle humaine, avec toutefois des effets hormonaux différents de celui-ci.

Bénéfices limités

Les compléments alimentaires contenant des phyto-oestrogènes apportent des quantités nettement plus importantes que celles d'une alimentation occidentale. Ces produits sont censés réduire les signes cliniques de la ménopause. Si des études montrent que les femmes asiatiques ménopausées consommant le plus de soja sont aussi celles qui ont le moins de bouffées de chaleur, de tels effets n'ont, jusqu'à présent, pas été reproduits avec des compléments chez des femmes occidentales. D'autres données suggèrent de possibles effets bénéfiques, mais limités, sur l'ostéoporose et la perte des fonctions cognitives.

Et la sécurité?

Dans son rapport, l'Afssa souligne que les études animales menées avec de hautes doses de phyto-oestrogènes montrent qu'il peut y avoir une augmentation du risque de cancer du sein et des anormalités du développement des organes sexuels. Ces découvertes ont soulevé une inquiétude concernant les préparations pour nourrissons à base de soja. Cependant, de nombreux enfants nourris de cette façon ne présentent pas de retard de développement. Chez l'adulte, la dose maximale conseillée (1mg/kilo de poids/jour) ne sera pas atteinte avec des aliments à base de soja, mais bien avec certains compléments fortement dosés (jusqu'à 80mg/jour). Dans ce cadre, l'Afssa préconise un étiquetage informant le consommateur de la teneur en phyto-oestrogènes des compléments, et de la dose journalière à ne pas dépasser.

Le rapport de l'Afssa laisse cependant planer encore bien des doutes. S'il épingle les possibles risques de cancer du sein émanant des modèles animaux, il rappelle aussi que les données épidémiologiques suggèrent plutôt un effet protecteur parmi les populations asiatiques consommant traditionnellement beaucoup de phyto-oestrogènes. Et même s'il s'avérait que cet effet est dû aux isoflavones, rien ne permet actuellement de l'extrapoler aux femmes occidentales. Affaire à suivre...

Magali Jacobs et Nicolas Guggenbühl,
Diététicien Nutritionniste

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Référence: 
AFSSA. Rapport de l'Agence française de Sécurité Sanitaire des Aliments sur la sécurité et les bénéfices des phyto-estrogènes apportés par l'alimentation. Mars 2005.www.afssa.fr




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