Hormis quelques rares régimes qui déconseillent – à tort – la carotte en raison de sa teneur en sucres soi-disant élevée (6,5 g pour 100 g, ce qui reste pourtant modeste), la carotte bénéficie d’une bonne image santé. Comme son nom le suggère (et comme tous les végétaux colorés), elle contient du carotène, qui a une double vie : d’une part, il se transforme partiellement, dans l’intestin, en vitamine A (d’où le terme de provitamine A), d’autres part, c’est un antioxydant ayant déjà fait l’objet de nombreuses investigations, notamment dans le cadre du cancer. Et bien que certaines études d’intervention ayant administré de hautes doses de bêta-carotène ont donné des résultats décevants, la quantité de bêta-carotène, qui reflète une alimentation riche en fruits et en légumes, est associée à un risque plus faible de cancer.
La carotte semble toutefois présenter un potentiel anticancérigène particulier. C’est en tout cas ce qui ressort de travaux menés conjointement par une équipe de l’Université de Newcastle (Royaume-uni), en collaboration avec des chercheurs danois, portant sur un antifongique de la carotte : le falcarinol
Moins de tumeurs
Les chercheurs ont soumis 24 rats avec des lésions précancéreuses induites au niveau du côlon à trois régimes différents: une alimentation normale (contrôle), un groupe avec des carottes crues (variété orange) et un autre avec le falcarinol, aux mêmes quantités que les animaux recevant les carottes crues. Les résultats montrent, après 18 semaines, que les animaux des groupes «carotte» et «falcarinol» développement environ un tiers de tumeurs en moins que ceux du groupe contrôle.
Le falcarinol est un antifongique que la carotte secrète pour se protéger de certaines agressions, il empêche notamment l’apparition de certaines tâches noires lors de sa conservation. On connaît encore peu de choses sur la teneur en falcarinol des carottes, elle dépend probablement de la variété, ainsi que des conditions de culture (on sait que dans certains cas, le recours à des produits phytosanitaires réduit la synthèse d’éléments protecteurs par le végétal).
Si le potentiel anticancérigène de ce composé se confirme chez l’homme, la science de la carotte pourrait développer des variétés plus riches en falcarinol. Précisons cependant que ce composé possède une légère amertume, et qu’il est aussi connu pour sa toxicité à haute dose. Mais il y a de la marge, la dose létale correspond à quelques 400 kg de carottes en une prise !
Nicolas Guggenbühl
Diététicien Nutritionniste
Références:
Journal of Agricultural and Food Chemistry, février 2005.